« Quand nous sommes arrivés au pouvoir, le nombre de personnes déplacées internes (PDI) était autour de 3 millions. Notre travail a permis de réduire ce nombre à 2,4 millions », a déclaré Paul-Henri Sandaogo Damiba, ex-président de la transition burkinabè, dans une interview accordée au journaliste Alain Foka et diffusée sur sa chaîne YouTube le 23 février 2023. Paul-Henri Damiba, qui a passé huit mois à la tête du Burkina Faso, s’exprimait ainsi pour la première fois depuis sa perte du pouvoir en septembre 2022.
Une semaine après le putsch du lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, le 31 janvier 2022, le Burkina Faso comptait 1 741 655 personnes contraintes de fuir à l’intérieur de leur propre pays, notamment en raison de conflits, de violences ou de violations des droits humains. Ce nombre a été fourni par le Secrétariat permanent du Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (Conasur), qui dénombrait aussi à cette date 3,5 millions de Burkinabès dans le besoin.
Un chiffre exagéré
Le 7 septembre 2022, le gouvernement de la transition, alors toujours dirigé par Paul-Henri Damiba, a annoncé que le nombre de déplacés internes avait chuté de 382 138 personnes, passant de 1 902 150 personnes au 30 avril 2022, à 1 520 000 PDI. Lazare Zoungrana, alors ministre de l’Action humanitaire, expliquait cette réduction par une suppression des doublons dans les fichiers et par le retour de certaines familles dans leurs villages après avoir été déplacées.
Au 30 septembre 2022, date de la chute du lieutenant-colonel Damiba, le nombre de personnes déplacées était de 1 719 332 selon les chiffres du Conasur. À la même date, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, un département du Secrétariat de l’ONU, indiquait que 4,9 millions de personnes étaient dans le besoin.
La déclaration de l’ancien président de la transition, Paul-Henri Sandaogo Damiba sur le nombre de personnes déplacées internes en janvier 2023 est donc exagérée. Selon les données officielles disponibles jusqu’à ce jour, le Burkina n’a pas atteint les 3 millions de personnes déplacées internes.
Les femmes et les enfants durement touchés
Le 28 février 2023, le Conasur enregistrait 1 999 127 personnes déplacées internes, dont 23,97 % de femmes et 58,42 % d’enfants. De plus, 3,5 millions de Burkinabès sont en insécurité alimentaire, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations-Unies.
Des cas de viols, d’enlèvements et autres violences commises sur des femmes par des groupes armés ont été recensés, selon le dernier rapport de Human Right Watch, organisation de défense des droits humains. « Dans des dizaines de cas, des combattants ont violé et maltraité des femmes et des filles qui étaient sorties pour aller chercher du bois, qui se rendaient au marché ou en revenaient, ou qui fuyaient les violences », a écrit l’ONG.
L’alimentation et le logement sont les principaux besoins des déplacés internes burkinabès. Les régions du Sahel, du Centre Nord, du Nord et de l’Est du Burkina Faso accueillent le plus de déplacés.
Thiomité DA
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