Publié le 25 février 2024 par un compte Facebook Tanza Saint Cyr, puis relayé par Ludovic Ledo dans le groupe de partage Cercle de réflexion pour l’essor de la Centrafrique, le post a recueilli plusieurs commentaires, des mentions « j’aime » et quelques partages. Le post, très viral, indique : « Le changement de l’hymne national Renaissance est en cours de rédaction par le pouvoir de Bangui… MON PAYS VA TRÈS MAL. »
Contacté via WhatsApp le 28 février 2024, Aurélien Simplice Zingas, ministre d’État chargé de l’Éducation nationale, ancien député et auteur de la loi visant la révision de la version Sango de l’Hymne National, a précisé : « À l’époque où j’étais encore député et conformément aux dispositions de notre constitution et de la loi organique portant règlement intérieur de l’Assemblée nationale, j’avais initié une proposition de loi modifiant certaines paroles de la version sango de notre Hymne National qui sont différentes de la version française »
Il poursuit : « Un exemple parmi tant d’autres : O Centrafrique, O berceau des bantous en français (et en sango, on chante O Centrafrique ndjoni kodro ti é…) , est-ce que cela veut dire la même chose ? Cette proposition de loi a fait plusieurs tours entre nos musicologues, linguistes de l’université de Bangui. C’est une proposition de loi qui vise à ce que la version sango soit rimée à la version française. »
Le 8 mars 2024, Centrafrique Check s’est rapprochée du secrétariat de l’Assemblée nationale et a pu se procurer de la copie relative à la proposition de Loi dans laquelle il est clairement mentionné dans le grand titre : « Proposition de Loi modifiant et complétant les dispositions de la loi N°60-134 du 27 mai 1960 déterminant l’Hymne National Centrafricain « La Renaissance ».
D’après l’exposé des Motifs que notre rédaction a pu exploiter, il est indiqué « Toute œuvre humaine est susceptible d’imperfection, l’Institut Linguistiques Appliquées a jugé incorrecte la traduction. Le président de la République, Faustin Archange Touadera a apporté une correction, le musicologue Saturnin Ngouka a aussi fait un travail remarquable de versification poétique. ».
Par ailleurs, concernant la modification, une erreur matérielle s’est glissée sur le refrain en français, notamment en utilisant le participe présent au lieu de la première personne du pluriel au présent de l’indicatif des verbes, par exemple briser et brandir. Toujours dans cet extrait, il est souligné que la version écrite par le président fondateur Barthélemy Boganda est disponible sur une application internet dont la copie jointe en annexe a bien tenu compte de cette erreur.
La version Sango et celle en français de l’hymne ne sont pas cohérentes, selon le porte-parole du gouvernement
Plus loin encore, Centrafrique Check a pu contacter le ministre de la Communication et des médias, porte-parole du gouvernement, Maxime Balalu, qui a rappelé : « Étant membre de commission de révision de la version Sango de l’hymne national, il ne s’agit pas de réviser l’Hymne National dans sa totalité, mais seulement certains extraits de la version Sango de l’Hymne National. Vu que la version française et la version Sango ne sont pas cohérentes, c’est pourquoi la commission a bien voulu revoir certains extraits de la version Sango de l’Hymne national . »
Joint au téléphone le 4 mars 2024, Gervais Lakosso, Coordonnateur du Groupe de Travail de la Société Civile (GTSC), cependant, a souligné « Je ne peux vous affirmer ou confirmer cette information, car je ne dispose d’aucun document, ni une preuve qui justifie cette information, donc de mon côté cela reste une rumeur ».
La loi N°60.134 du 27 mai 1960 ne prend en compte que la version sango de l’Hymne National, souvent mal chanté, dans les écoles, d’après les spécialistes linguistiques. C’est ainsi qu’un Instituteur enseignant à M’baïki, avait présenté une traduction, validée par le président David DACKO. L’Institut des Linguistiques Appliquées (ILA) à l’Université de Bangui a jugé incorrecte cette traduction.
La présente proposition de loi modifiant et complétant les dispositions de la loi du 27 mai 1960 déterminant l’Hymne National Centrafricain « la renaissance », vise à corriger deux verbes et à harmoniser les deux versions de l’Hymne National dans les deux langues officielles, français et Sango. Après promulgation, cette loi sera vulgarisée dans les 2.639 écoles du Fondamental Niveau 1 et 100 écoles du Fondamental Niveau 2 tout comme les écoles privées, sans oublier les églises, mosquées et associations, afin que toute population centrafricaine puisse connaître et bien chanter la version SANGO de l’hymne national, selon l’exposé des Motifs de la proposition de Loi dûment signé par Aurélien Simplice Kongbelet Zingas, ancien député et actuel ministre d’État en Charge de l’Éducation Nationale.
En conclusion, le post affirmant que l’hymne national « La Renaissance » en français aurait été changé est faux après vérification par Centrafrique Check.
Lire l’article original sur Centrafrique Check : https://centrafriquecheck.org/lhymne-national-en-francais-a-t-il-change-non/