C’est une thématique chère à Jean-Luc Mélenchon depuis la campagne présidentielle de 2022 : la guerre de l’eau. Lors d’une conférence avec l’institut La Boétie du 20 novembre dernier à Paris, le chef des Insoumis s’est de nouveau exprimé sur la question : « Les principaux conflits auxquels nous avons droit, c’est d’abord des conflits d’accès à l’eau. » Avant d’insister sur un chiffre impressionnant : « D’ici à 2050, il faudra 40 à 50 % d’eau de plus que celle qu’on consomme. » Sur le réseau social X (ex-Twitter), il a relayé cet extrait de la conférence, dans un tweet vu 42 000 fois à la date du 20 novembre. Plusieurs internautes se sont interrogés sur la source de cette assertion.
Car ce chiffre n’est écrit noir sur blanc dans aucun rapport officiel. En revanche, il n’est pas incompatible avec les projections de l’ONU et de l’OCDE. « Ce chiffre est le fruit d’un certain nombre d’hypothèses mais illustre parfaitement une trajectoire possible sans maîtrise de la démographie ni des usages humains », avance Pascal Maugis, chercheur en modélisation du climat et des ressources en eau, au laboratoire des sciences du climat et de l’environnement.
Un rapport de l’ONU de 2015, intitulé L’eau dans un monde durable, table ainsi sur une augmentation globale de la demande en eau de 55 % entre 2000 et 2050. Le graphique est tiré d’un rapport de l’OCDE de 2012. « Le titre de ce rapport, The conséquence of inaction, est très parlant à cet égard », poursuit Pascal Maugis. Pour cause, le graphique met en avant plusieurs hausses significatives en termes de besoins en eau : les activités manufacturières (+400 %), la production d’électricité (+140 %) et les usages domestiques (+130 %).
Un second rapport mondial de l’ONU, de 2017, sur la mise en valeur des ressources en eau, se veut quant à lui plus alarmant, mentionnant le même chiffre que le leader LFI mais à l’horizon 2030 : « En 2030, la demande mondiale d’énergie et de ressources en eau devrait croître de 40 % et 50 % respectivement. »
Difficile ainsi de dire si la citation de Jean-Luc Mélenchon est complètement fausse. Elle est en tout cas imprécise au regard des différents rapports mondiaux sur la question. Toujours est-il qu’elle illustre des enjeux bien réels en matière d’accès à l’eau, largement documentés par les différentes ONG.