Contexte
Le jeudi 8 août 2024, le site saharamedias.net a publié un article soulignant que le président de l’Union nationale du patronat mauritanien, Mohamed Zine El Abidine Ould Cheikh Ahmed, a indiqué que les recettes fiscales du secteur agricole, au cours des derniers mois de l’année en cours (2024), se sont élevées à 200 milliards d’ouguiyas.
Cela s’est produit lors d’un point de presse tenu par le président du patronat mauritanien, dans lequel il a passé en revue, en chiffres, les recettes fiscales et douanières imposées au secteur privé au cours des dernières années.
Cette information a été reprise, le même jour, sous forme audiovisuelle par la plateforme MB avec ses 40,5 k abonnés et 8 réactions ; et sous forme écrite par les sites elhadethmedias.info, avec 44 vues et le site thawabit.net.
Vérification des chiffres
Le Tableau des Opérations Financières de l’État (TOFE), publié régulièrement sur le site du Trésor public mauritanien, fournit une vue d’ensemble des recettes de l’État, y compris les recettes fiscales, non fiscales, minières, pétrolières, les dons et les recettes exceptionnelles. En consultant les données disponibles jusqu’au mois de mai 2024, on constate que l’ensemble des recettes fiscales de l’État, toutes catégories confondues, ne correspond pas aux chiffres avancés par le président du patronat.
Les chiffres du TOFE jusqu’à mai 2024 montrent que toutes les recettes combinées du Trésor, y compris les recettes fiscales, non fiscales, minières, pétrolières, ainsi que les dons et recettes exceptionnelles, n’atteignent pas les 200 milliards d’ouguiyas anciennes uniquement pour le secteur agricole. En effet, les recettes fiscales globales pour cette période sont réparties sur plusieurs secteurs, et il est donc peu probable que les seules recettes fiscales agricoles atteignent un tel montant.
Les données officielles montrent que pour les cinq premiers mois de l’année 2024, les recettes fiscales réalisées se chiffrent à 272 milliards d’ouguiyas anciens. Il est donc est impossible que le secteur agricole, à lui seul, ait généré 200 milliards d’ouguiyas anciennes en recettes fiscales sur cette période ; soit 73% des recettes fiscales.
Le Document de Programmation Budgétaire à Moyen Terme (DPBMT) 2024-2026, d’août 2023, nous donne déjà une idée sur les recettes fiscales totales qui se chiffraient, en 2022, à 489,9 milliards d’ouguiyas anciens.
Le Rapport économique et financier 2023 du Ministère des finances chiffre les recettes fiscales à 590 milliards d’ouguiyas anciens.
Conclusion
Les déclarations du président du patronat concernant les recettes fiscales issues du secteur agricole en 2024 ne sont pas corroborées par les données officielles du TOFE, et sont loin d’être logiques par rapport aux recettes fiscales globales des exercices 2022 et 2023. Il est essentiel que les responsables utilisent des chiffres précis et vérifiés lorsqu’ils communiquent sur des sujets d’intérêt public, afin d’assurer la transparence et la crédibilité des informations partagées avec le public.
Compte tenu de toutes ces données, le Quotidien de Nouakchott conclut donc que le chiffre de 200 milliards d’ouguiyas avancé par le président du patronat pour les recettes fiscales agricoles pour les mois écoulés de l’année 2024 est exagéré et faux.
Med AHMED
Lire l’article original sur Le Quotidien de Nouakchott : https://lequotidien.mr/?p=20396&lang=fr