Sur le réseau social X (ex Twitter), le 24 novembre 2023, Nathalie Yamb, femme politique poste ce message : “plus de 100 pays ont réussi à éradiquer le paludisme sans vaccins, dont une dizaine en Afrique, mais au Cameroun, les responsables de la santé publique préfèrent se réjouir d’administrer les merdes sponsorisées par Bill Gates et son Gavi à nos enfants.” Ce tweet a obtenu plus de 171 000 vues.
Ce qui n’est pas tout à fait vrai car, si de 1955 à 2023, 104 pays ont été déclarés exempts de paludisme ou celui-ci a disparu sans effort spécifique, seulement 4 pays africains figurent sur cette liste : Algérie, Lesotho, Maurice et Seychelles, selon l’Organisation mondiale de la Santé. Cependant, selon le rapport mondial sur le paludisme de 2023, au niveau mondial, le nombre de cas de paludisme est estimé à 249 millions en 2022 dans 85 pays et territoires d’endémie.
A cet effet, toutes les mesures sont nécessaires pour venir à bout de ce problème majeur de santé publique. Les prévisions estiment que les interventions actuellement en place au début de la vaccination restent à des niveaux statiques. Depuis la recommandation de l’OMS pour l’utilisation du RTS,S en octobre 2021, au moins 28 pays de la région africaine de l’OMS ont exprimé leur intérêt pour l’introduction du RTS,S dans leur pays. 18 millions de doses du tout premier vaccin antipaludique seront disponibles pour 2023-2025 dans 12 pays.
Le coût d’une dose de vaccin contre le paludisme est estimé entre 2 et 10 USD. Pour savoir, s’il a une plus-value, il faut calculer le rapport coût-efficacité qui est le rapport d’un intrant à un produit, établissant le lien entre les ressources utilisées et les résultats obtenus, un critère important pour l’évaluation de la réussite des politiques gouvernementales. Dans ce cas, un impact significatif sur la santé publique et un rapport coût-efficacité élevé pour le vaccin RTS,S/AS01 dans un large éventail de contextes sont relevés dans une étude parue dans la revue The Lancet en 2016. Les données issues de l’évaluation de l’introduction du vaccin antipaludique RTS,S/AS01 en phase pilote révèlent que le vaccin a réduit la mortalité, toutes causes confondues de 13 % et permet de réduire de 22 % le nombre d’hospitalisations pour les formes graves de paludisme chez les enfants éligibles au vaccin. Dr Nicole Fouda, épidémiologiste au bureau pays OMS Cameroun explique: “Les avancées technologiques sont un atout majeur dans la lutte contre le paludisme. C’est une réelle victoire d’avoir le vaccin qui permettra de réduire le nombre de cas et de décès des enfants dans nos pays. C’est un nouvel outil dont on ne saurait se priver.”
En 2022, la région Afrique de l’OMS comptait 94 % de tous les cas de paludisme (233 millions de cas) et 95 % de tous les décès dus au paludisme (580 000 décès). Aussi, près de 78 % de tous les décès dus au paludisme dans la région concernaient des enfants de moins de 5 ans. Le Cameroun quant à lui présentait 2,6% des cas et 2,1% des décès liés au paludisme.
Afin de lutter efficacement contre ce fléau, l’OMS recommande plusieurs méthodes préventives telles que la lutte antivectorielle, l’utilisation de moustiquaires imprégnées à longue durée d’action, la chimioprophylaxiepréventive et la gestion des cas. La dernière recommandation en date est le vaccin antipaludique.
Le 22 janvier 2024, le Cameroun a introduit le vaccin contre le paludisme dans la vaccination de routine après avoir reçu 331 200 doses du premier vaccin antipaludique recommandé par l’OMS, le RTS-S. Cette livraison, une première dans un pays n’ayant pas encore participé au programme pilote de vaccin contre le paludisme.
Pour conclure, l’affirmation selon laquelle le vaccin contre le palu n’est pas nécessaire car plus de 100 pays ont réussi à éradiquer le paludisme sans vaccins, dont une dizaine en Afrique est fausse. D’après nos vérifications, seulement 4 pays africains figurent sur la liste des 104 pays déclarés exempts de paludisme et le Cameroun n’en fait pas partie.
Hemes NKWA
Lire l’article original sur Yoheda : https://yohedahealthsolutions.com/vaccin-contre-le-paludisme-au-cameroun-au-dela-du-doute-et-des-rumeurs/