30« Aujourd’hui nous avons complètement perdu le contrôle sur l’immigration précisément parce que chaque fois qu’une personne veut arriver en Europe, nous ne l’empêchons pas d’arriver. […] Le drame aujourd’hui c’est que quand on cumule immigration légale et illégale, il y a plus de migrants qui rentrent en Europe que d’enfants qui naissent […] Nous avons un basculement civilisationnel à l’œuvre. Nous avons une trajectoire qui d’ici quelques décennies pourraient provoquer un changement culturel, identitaire de nos nations et de l’Europe pour aller vers un continent plus islamisé, pour aller vers un continent de culture plus étrangère », a déclaré Marion Maréchal, tête de liste du parti Reconquête, parti politique d’extrême droite fondé en 2021, lors de son intervention sur la thématique « Quelle immigration pour l’Europe » durant le grand débat des européennes organisé par Public Sénat le 14 mars dernier (50’44 – 53’51).
Public Sénat organisait ce jour-là le premier grand débat des élections européennes avec huit candidats, les principales têtes de liste. Il était transmis en direct sur le canal 13 de la TNT, sur publicsenat.fr ainsi que sur les réseaux sociaux dans le cadre de la campagne pour les élections européennes qui se dérouleront le 9 juin prochain.
Elle a relayé son affirmation sur son compte Twitter @MarionMarechal dans un message : « Le drame aujourd’hui c’est que quand on cumule immigration légale et illégale, il y a plus de migrants qui rentrent en Europe que d’enfants qui naissent ». Ce dernier a été vu par plus de 32 000 internautes et a reçu 1 437 « j’aime », 668 partages, 93 commentaires.
Selon la définition adoptée par le Haut Conseil à l’Intégration, « un immigré est une personne née étrangère à l’étranger et résistant en France ». Sur 447 millions d’habitants, l’Union européenne comptait 24 millions de citoyens non européens au 1er janvier 2021, soit 5 % de sa population.
En 2022, près de 3,7 millions de nouveaux titres de séjour ont été attribués par les pays membres de l’UE à des citoyens étrangers selon l’office européen de statistique Eurostat. Parmi ces titres de séjour, environ 1,6 million ont été délivrés par les pays européens pour un motif lié à l’emploi, soit 42 % du total des séjours délivrés et près de 470 000 titres de séjours pour des raisons liés aux études, soit 13 %.
Pour Eurostat, « un titre de séjour ou permis de résidence désigne toute autorisation valide pour au moins trois mois émise par les autorités d’un Etat membre et permettant à un citoyen ressortissant d’un pays tiers de séjourner légalement sur son territoire. Cela exclut donc les visas de courts séjours (inférieurs à 3 mois), pour tourisme, voyage d’affaires ou visites familiales et privées ».
En parallèle, d’après Frontex (Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes), qui comptabilise les flux migratoires, l’Union européenne a comptabilisé 330 000 entrées irrégulières en 2022.
Selon les dernières statistiques de l’Ined (Institut national d’études démographiques), le nombre de naissance dans l’UE s’élevait à 3 885 585 en 2022. Etant donné que les derniers chiffres pour les naissances en Europe datent de 2022, Factoscope a choisi pour année de référence les données sur l’immigration de 2022.
Si on cumule ces données, en 2022, dans l’UE, on compte 3,7 millions entrées légales ; à cela s’ajoute 330 000 entrées illégales, soit un total de 4 030 000 arrivées. Mais on devrait décompter les 470 000 entrées liées aux études donc des séjours entre 6 mois et deux ans puisque ce sont des passages et non des entrées, soit 3 560 000 personnes qui sont arrivées en Europe en 2022.
Contactées, ni Marion Maréchal, ni la communication du parti Reconquête, n’a souhaité répondre aux questions de la rédaction.
En conclusion, Marion Maréchal prend en compte tous types de séjour, à la fois ceux liés aux études et ceux liés à l’emploi. Si l’on décompte les entrées liées aux études, on observe ainsi une différence de quelques 325 000 personnes entre les naissances (3 885 585) et l’immigration légale et illégale (3 560 000) en Europe.
Sarah COSTES (Factoscope)