« La liste des médicaments contre le paludisme, retirés du marché dans l’Union européenne. Il est prouvé que ces médicaments sont à l’origine de l’insuffisance rénale qui tue spontanément. » Cette phrase introduit la liste supposée des 49 médicaments antipaludiques censés avoir été retirés du marché européen, largement diffusée sur WhatsApp. Les vérifications effectuées montrent que la publication circule sur internet depuis au moins 2006.
Le nombre de médicaments cités sur cette liste évolue d’année en année, sans que l’on ne sache qui propage la rumeur. Entre 2006 et 2023, la liste est ainsi passée de 42 à 49 médicaments anti -paludiques. Aujourd’hui, la publication continue de circuler dans plusieurs pays africains. En 2018, au Cameroun, elle avait suscité une polémique obligeant le ministère de la Santé du pays à s’exprimer par voie de communiqué (en anglais) pour « rassurer sur le fait que ces médicaments antipaludiques en monothérapie ont été retirés depuis 2006 du marché (…) » et que « depuis, aucun médicament oral contre le paludisme en monothérapie n’a reçu d’autorisation de mise sur le marché au Cameroun ».
Au Bénin, Dr Yossounon Chabi, directeur général de l’Agence béninoise du médicament et des autres produits de santé (Abmed), ignore lui-aussi « ceux qui alimentent la circulation de ces fausses informations depuis plusieurs années » et assure que « ces médicaments n’existent plus sur notre marché depuis plusieurs années ». Au sujet de l’insuffisance rénale évoquée, Dr Yossounon Chabi soutient qu’« il n’y a aucune étude qui le prouve ».
Le paludisme n’existe plus en Europe
L’Agence européenne du médicament (Ema) ne se reconnaît pas à travers la liste des 49 médicaments. « Nous ne connaissons pas cette liste de médicaments. Veuillez noter qu’aucun des médicaments de la liste n’a été évalué par l’Ema dans le cadre de la procédure centralisée… », a répondu le service de presse de l’Agence, que nous avons contacté par courriel.
Paradoxalement, la liste a refait surface dans un contexte où le paludisme n’existe plus en Europe. Dans son rapport de 2021 sur le paludisme dans le monde, l’Organisation mondiale de la santé (Oms) affirme : « Depuis 2015, la région Europe de l’Oms est exempte de paludisme. Le dernier cas de paludisme indigène a été rapporté en 2014 par le Tadjikistan. Durant la période 2000-2020, aucun décès par paludisme indigène n’a été signalé dans la région ». Il n’y a donc pas de raison de commercialiser d’antipaludiques en Europe, jusqu’à constater que leur consommation provoquerait une insuffisance rénale.
Ariel GBAGUIDI
Lire l’article original sur La Nation : https://lanation.bj/fact-checking/medicaments-antipalu-retires-de-leurope-une-vieille-fausse-alerte