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Non, cette image ne montre pas un incendie dans une école islamique à Kaura Namoda   

France
Éducation | Société

17 Mai 2025

Le 7 février 2025, la page "Histoire d’Afrique" a publié sur le réseau social X une photo prétendant montrer une classe incendiée dans une école islamique; un drame qui aurait coûté la vie à 17 enfants. Après vérification, bien que l’information diffusée dans la publication soit vraie, l’image d’illustration est  fausse.  
Contexte

Le 7 février 2025, la page “Histoire d’Afrique” a publié sur le réseau social X (anciennement Twitter) une information accompagnée d’une image d’illustration qui a fait le tour des réseaux et attisé la curiosité.

L’image montrait une salle de classe calcinée et des meubles réduits en cendres par un incendie dans une école islamique de Kaura Namoda, dans l’État de Zamfara, au Nigeria. Le drame aurait coûté la vie à 17 enfants.

Capture du poste sur le compte X de la page Histoire d’Afrique

 

Publiée sur X et consultée le 10 février 2025, l’image a enregistré plus de 6 000 vues. Elle a été repartagée une douzaine de fois sur twitter et relayée cinq fois sur TikTok.

L’émotion et l’indignation ont enflammé les débats en ligne depuis la date de parution. Mais un détail nous interpelle : cette photo correspond-elle réellement à l’incendie survenu au Nigeria ?

Vérification

Les premières recherches confirment que le drame de Kaura Namoda a bel et bien eu lieu, comme le rapporte la page “Histoire d’Afrique”. Les autorités locales nigérianes ont d’ailleurs confirmé l’information et fait des déclarations sur l’incendie. Celui-ci s’est en effet produit dans la nuit du mardi 4 au mercredi 5 février 2025. Selon les explications de Khalifa Aliyu Abubakar, directeur de l’établissement.

Les déclarations du porte-parole de la police nigériane, Yazid Abubakar, révèlent que les victimes sont des enfants âgés de 10 à 16 ans. Ils dormaient lorsque le feu s’est déclenché dans une maison voisine de l’école et s’est propagé au sein de l’établissement.

Yazid Abubakar , porte-parole de la police de Zamfara,  a expliqué leurs premières actions à l’AFP. « Nos hommes sont intervenus à l’école et ont évacué 17 corps sans vie, ainsi que 17 autres enfants grièvement blessés », a-t-il déclaré avant d’ajouter que la communauté musulmane avait enterré les enfants morts dans l’après-midi du 5 février 2025.

D’autres écoles islamiques ont également été inspectées pour s’assurer qu’elles ne présentaient pas de risque d’incendie. « Nous prendrons des mesures pour éviter qu’un tel incident ne se reproduise », a déclaré Mannir Haidara, un responsable local. L’information avait été relayée par plusieurs médias de référence comme la BBC, l’AFP (Agence France Presse) et RFI (Radio France International).

Une information republiée à l’international

 

L’image ci-dessous est la photographie réelle de l’école touchée par l’incendie.

Réelle image de l’école après l’incendie.  Source : BBC

 

Dans un communiqué publié le samedi 8 février 2025 sur sa page Facebook officielle, le bureau du secrétaire du gouvernement de l’État de Zamfara avait exprimé la volonté du Gouverneur, Dauda Lawal, d’ouvrir une enquête pour élucider les causes de l’incident.

Source : page officielle Facebook de l’Etat de Zamfara

 

Une image hors contexte

L’image utilisée par “Histoire d’Afrique” ne date pas de 2025. Une recherche inversée via Google Images révèle qu’elle a été prise en France, il y a plus de cinq ans.

La photo provient en réalité d’un incendie survenu le 8 décembre 2019 à l’école primaire Les Jardins, située dans la région de Thor, en France. Le maire de la Localité, Yves Bayon de Noyer, avait à l’époque salué l’intervention rapide des pompiers, qui avait permis de limiter les dégâts. Cette information avait été rapportée par le site d’actualité La Provenance.

 

Source : site d’actualité La Provence

Conclusion

Bien que l’incendie de Kaura Namoda soit réel, l’image qui accompagne la publication de “Histoire d’Afrique” est trompeuse. En utilisant une photo d’illustration ancienne et hors contexte, la publication contribue à la confusion et à la désinformation.

 

Nahadjenin SELEHO  (Factoscope)