Que raconte la publication ?
Le 11 juillet 2024, un texte accompagné d’une photo, très virale sur les réseaux sociaux au Bénin, fait croire qu’une Nigériane de 39 ans est à la recherche d’un mari parce qu’elle serait fatiguée du célibat et proche de la ménopause.
Sur Facebook, Le Matinal, quotidien béninois privé de renommée depuis plus de 25 ans, est la première page ayant partagé cette histoire supposée avec ses abonnées.
La fausse histoire de la Nigériane vue sur la page Dis-Moua
Dans une vidéo qu’elle a publiée sur le réseau social X, la femme s’est dite frustrée de demeurer célibataire malgré son âge avancé. « J’ai besoin d’un mari, j’en ai marre du célibat. J’ai 39 ans. Très bientôt, j’entrerai en ménopause. S’il vous plaît, j’ai besoin d’un mari dans ma vie. Peu importe ce que tu fais, je vais t’épouser », a-t-elle déclaré, les larmes aux yeux. Elle promet de prendre en charge les frais du mariage, pourvu qu’elle trouve un prétendant. », publie Le Matinal, le 11 juillet 2024, ce texte est illustré par la photo de la femme en question. Cette publication a été ensuite partagée par de nombreux internautes.
Plus de 7100 mentions, 5700 commentaires et 2100 partages ont été enregistrés sur la page du journal, à la date du 11 août 2024. La page Mis-Moua a aussi publié la même histoire, le 18 juillet 2024. Le texte a généré plus de 2100 mentions, 1800 commentaires et 186 partages à la même date.
Pourquoi ça buzze ?
Il est rare qu’une femme africaine lance un appel du genre sur les réseaux sociaux pour rechercher son futur époux. Cette approche hors du commun et les raisons évoquées ont attiré l’attention de milliers d’internautes.
Alors que des certains souhaitent bonne chance à la femme, d’autres internautes pensent qu’elle a passé tout son temps à chercher l’homme parfait au point de se retrouver à lancer un appel sur les réseaux sociaux.
« Le résultat de TU N’ES PAS MON GENRE le plus souvent. Bonne chance à toi Amaka », écrit Ouattara Hilow Soumaila. « De 18 à 25 ans, aucune femme ne manque pas d’hommes. Le reste, c’est comment a-t-elle géré jusqu’à sortir de cette tranche d’âge sans en choisir un. Que ceci serve de leçon aux restes », affirme Fabien Orichade.
Des internautes ayant partagé la publication de Le Matinal ont eu la même réaction. « Ah d’accord. Celle qui trie là, et qui cherche le prince charmant là. Voilà conséquence ! », écrit Abdoul Ouattara. « Tu étais où quand on te faisait la cour à 20 ans ? », demande Franck Azeufack.
Mais dans le lot des commentaires sur la page Facebook du journal béninois, l’internaute Mardoche Nonviho s’offusque de ces jugements à l’endroit de la femme. « Elle pose un problème dont vous ne connaissez pas ses antécédents. Mais vous êtes en train de la juger par rapport à vos vécus. Le mieux est de s’approcher d’elle pour mieux connaître son passé avant de la juger. Peut-être qu’elle est innocente des accusations dont vous lui portez et peut être qu’elle est en train de payer les erreurs de l’un de ses parents ou arrière parent. C’est à nos jeunes sœurs qui ont les comportements que vous aviez cites d’en prendre conscience et de se corriger », écrit-il. Son message a provoqué d’autres réactions en réponse.
D’où vient la publication ?
Contacté, le Community manager de Le Matinal qui a publié le texte, affirme avoir « lu l’histoire sur le site Doing buzz ».
En effet, sur le site internet Doing buzz, l’histoire supposée de la femme a été largement racontée et analysée. Pour appuyer son article, Doing buzz a publié une vidéo dans laquelle une femme, la Nigériane en question d’après le site internet, lance son appel.
« Une Nigériane de 39 ans a lancé un appel sincère sur les réseaux sociaux pour avoir un mari. Alors qu’elle fait face à la perspective de la ménopause et voit tous ses amis mariés, elle a décidé d’adopter une approche non conventionnelle pour trouver un partenaire. Dans une vidéo partagée sur X, la femme a ouvertement exprimé sa frustration d’être célibataire. Elle a déploré le temps qu’elle a passé sans partenaire et a exprimé son désir urgent de changer sa situation. Son attrait émotionnel a trouvé un écho auprès de nombreux téléspectateurs, attirant l’attention sur son sort.
La femme est allée plus loin en proposant de parrainer elle-même le mariage. Dans la vidéo, elle a déclaré : « J’ai besoin d’un mari, j’en ai marre du célibat. J’ai 39 ans. Très bientôt, j’entrerai en ménopause. S’il vous plaît, j’ai besoin d’un mari dans ma vie. Peu importe ce que tu fais, je vais t’épouser ». Sa volonté d’assumer le fardeau financier du mariage met en évidence son désespoir et sa détermination à trouver un partenaire de vie. La vidéo de la Nigériane a suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. Certains utilisateurs ont exprimé leur empathie et leur soutien à la femme, saluant son courage de partager publiquement ses luttes personnelles. D’autres lui ont offert des conseils et des mots d’encouragement, l’exhortant à garder espoir… », écrit Doing buzz, le 11 juillet 2024.
La femme sur les images de la vidéo insérée dans cet article, est la même que celle sur la photo publiée par Doing buzz et Le Matinal. La source de la vidéo, citée par Doing buzz est X. Mais le lien hypertexte censé rediriger les lecteurs vers la publication X conduit à d’autres articles du média. Les recherches pour retrouver l’élément sur X sont restées vaines.
De quoi il s’agit en vrai ?
L’histoire publiée est un canular. La première recherche effectuée sur Facebook à partir des mots « I need, husband, I will, sponsor, marriage » mène vers la page intitulée Officer Ada Tv, avec 341 000 followers et 37 suivis. Une vidéo de 3 minutes 30 secondes portant la légende « I need a husband am 39 years old », y a été publiée le 5 juillet 2024. Elle montre la même femme que celle figurant sur la vidéo publiée sur Doing buzz et vue sur la photo des publications Facebook. La femme affirme en langue anglaise qu’elle a « 39 ans » ; qu’elle « recherche un mari, car elle fatiguée du célibat et proche de la ménopause » et qu’elle « est prête à financer les dépenses liées au mariage ». Sauf que son histoire est une blague, car d’autres vidéos et photos la montrant évoquer le même sujet y compris en public, sont visibles sur la page ; de même que plusieurs autres scènes humoristiques dont elle est l’actrice principale. Dans une nouvelle vidéo, le 2 août 2024, elle promet « 10 millions à tout homme qui voudrait l’épouser ».
Sur Facebook, la femme identifie sa page comme celle appartenant à une actrice. Elle anime également des pages Youtube, TikTok et Instagram sur lesquelles on retrouve, entre autres, une série de vidéos sur son initiative de recherche de mari.
Comment la publication été prise au sérieux
En quête de trafic élevé sur Facebook, les pages et comptes ayant relayé l’histoire n’ont pas mentionné qu’il s’agit d’un canular. La blague est donc racontée comme si cela est arrivé pour de vrai. C’est ainsi que le quotidien privé béninois de renommée a transformé la fiction en une histoire vraie auprès des internautes qui y ont cru très facilement.
« J’ai relayé l’information telle quelle ! Je n’ai pas changé le contexte ni dénaturé le texte. Les gens aiment lire les infos du genre, les infos qui font le buzz. Et sur les sites d’information, on traite aussi des informations qui font le buzz, les faits insolites, les humours, etc. qui peuvent attirer l’attention des gens. Au-delà de l’actualité, il y a aussi ces genres d’information qu’on apporte et moi j’ai eu le résultat que je veux à travers ma publication. Le trafic sur la page en ce mois est plus de 80000 couvertures… », affirme ainsi le Community manager du journal, qui ne voit pas l’intérêt de vérifier l’information à partir du moment où la vidéo est réelle.
Verdict
La publication prétendant qu’une Nigériane de 39 ans serait à la recherche d’un mari et prête à financer leur mariage, est de la pure comédie. La femme auteure de la vidéo, est une actrice-comédienne qui a tourné des scènes plusieurs fois, y compris en public, sur la recherche de son futur époux.
Ariel GBAGUIDI
Lire l’article original sur La Nation : https://lanation.bj/fact-checking/nigeria-lappel-de-cette-femme-sur-les-reseaux-sociaux-pour-trouver-un-mari-est-un-canular