Faux, l’ex-ministre Vincent Dabilgou n’a pas été molesté

Burkina Faso
Politique

28 Juin 2024

4 minutes de lecture
Une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux prétend montrer le ministre burkinabè Vincent Dabilgou, reconnu coupable de corruption utilisant des fonds publics, remis au public pour s'expliquer avant d'être envoyé en prison. Après vérification, c’est faux. Cette vidéo ne présente pas l’ex-ministre burkinabè des Transports subissant des sévices corporels. Mais Fasocheck n’a pas pu situer le contexte originel de la vidéo.

Une vidéo d’une minute trente secondes devenue virale sur les réseaux sociaux Facebook, Instagram et X (1,2,3,4,5,6) fait croire qu’un ancien ministre burkinabè, notamment Vincent Dabilgou “reconnu coupable de corruption utilisant des fonds publics, a été remis au public pour s’expliquer avant d’être envoyé en prison”. Dans cette vidéo, on aperçoit un homme, torse nu, assis à même le sol, se faisant fouetter par des individus qui lui demandent “où est l’argent ?” S’agit-il vraiment de l’ex-ministre Vincent Dabilgou ou d’un ministre burkinabè dans cette vidéo ? Fasocheck a vérifié.

Ce n’est pas Vincent Dabilgou

Dans cette vidéo, on voit un homme de teint noir portant un short ligoté assis à même le sol et qui est filmé par les gens qui sont autour de lui. A côté de lui, d’autres hommes s’exprimant en français et en dioula, lui assénant des coups de bâton, lui demandent où se trouve l’argent qu’il aurait dérobé. Cet homme est décrit, selon les sites internet du Nigéria et d’Afrique du Sud, comme étant Vincent Dabilgou, l’ex-ministre des Transports du Burkina Faso sous le régime de Roch Marc Christian Kaboré.

Fasocheck a effectué une recherche inversée d’image avec Google reverse Image et a retrouvé la première publication de cette vidéo sur Facebook datant du 1er juin 2024. Elle a été postée par Taskafe, une page Facebook créée le 6 septembre 2017 et dont les gestionnaires sont basés en Haïti et en France d’après les indications de Meta. Taskafe a déclaré en langue créole, qu’il s’agit d’un ministre burkinabè pris en flagrant délit de détournement de fonds publics sous la transition et que celui-ci a été livré au peuple pour flagellation avant d’être déféré à la maison d’arrêt. L’auteur appelle même les autorités haïtiennes à s’en inspirer.

 

Sauf que sur la vidéo, il ne s’agit clairement pas de Vincent Dabilgou. Ce sont deux personnes différentes comme l’indique la comparaison visuelle ci-dessous.

Vincent Dabilgou à droite sur l’image.@Fasocheck

 

Les outils de recherche avancée n’ont pas permis de situer la vidéo dans son contexte originel. Mais des journalistes fact-checkeurs ont confié à Fasocheck, sans être en mesure d’en apporter la preuve concrète, que la scène a eue lieu en Côte d’Ivoire. Fasocheck a poursuivi cette piste, mais n’a rien trouvé qui corrobore cette hypothèse.

Qui est Vincent Dabilgou

Vincent Dabilgou avait été reconnu par le tribunal de grande instance de Ouagadougou  « coupable » de faits de « détournement de deniers publics », portant sur 1,12 milliard de FCFA (environ 1,7 million d’euros), « enrichissement illicite », « blanchiment de capitaux » et « financement occulte de parti politique », notamment le Nouveau temps pour la démocratie (NTD), la formation qu’il préside.

L’ancien ministre des Transports de Roch Marc Christian Kaboré, qui fut en poste de 2018 jusqu’au putsch de janvier 2022 qui renversa l’ancien président, a été condamné à onze ans d’emprisonnement, dont sept fermes. Il devait s’acquitter d’une amende de 3,3 milliards de francs CFA (4,7 millions d’euros) et les activités de son parti ont été suspendues. Le 26 février 2024, il a bénéficié d’une liberté provisoire sous contrôle judiciaire.

Conclusion

Même si Fasocheck n’a pas pu situer le contexte originel de la scène, cette vidéo ne montre pas Vincent Dabilgou pris à partie par un groupe de gens.

 

Soraya ROAMBA (Stagiaire) et Rabitaotu CONGO

Lire l’article original sur Fasocheckhttps://fasocheck.org/fact-checking/faux-lex-ministre-ministre-vincent-dabilgou-na-pas-ete-sequestre-en-public/