Contexte
A l’occasion de la réouverture de la cathédrale Notre-Dame, le 29 novembre, le discours d’Emmanuel Macron au sein de l’édifice religieux a suscité de vives réactions.
Un post sur le réseau social X indique : « Il est incorrigible ! Macron fait son discours à l’intérieur de la cathédrale de #NotreDame alors qu’il avait été convenu qu’en sa qualité de chef de l’Etat, il ne pouvait s’exprimer dans une église. Aucun respect, aucune dignité, rien ne nous sera épargné ». Ce post de Carène Tardy, ancienne élue départementale de l’Ain et consultante, a été vu un million de fois. Elle est suivie par 50 000 abonnés sur le réseau social X.
Cet évènement a été analysé par d’autres médias comme dans cet éditorial d’Alexis Brezet, directeur des rédactions du Figaro, sur Europe 1, le 12 novembre 2024.
Ce discours d’hommage et de remerciements intervient lors de la dernière réunion de chantier. En présence de ministres comme Rachida Dati, de la maire de Paris, Anne Hidalgo, des mécènes et près de 2 000 artisans, le président de la République met fin à cinq ans de travaux.
Alors que l’archevêque souhaitait qu’Emmanuel Macron fasse son discours sur le parvis de la cathédrale, ce dernier a finalement choisi de le faire à l’intérieur.
Lors de son allocution prévue le 7 décembre pour la réouverture au public de Notre-Dame, en raison des conditions météos, le président s’est également exprimé depuis l’intérieur de Notre-Dame, et non depuis le parvis.
Contacté, l’Elysée n’a pas répondu à nos sollicitations.
Vérification
L’allocution du chef de l’Etat au sein de ce bâtiment a été un sujet de tension entre le clergé et l’Elysée et au sein même du gouvernement comme le relate cet article du Monde. Mais selon Mathieu Carpentier, professeur de droit public à l’Université de Toulouse Capitole, « cette polémique n’a pas vraiment lieu d’être ». Il rappelle en effet qu’ « aucune règle juridique n’interdit au Président de s’exprimer dans un lieu de culte ».
Selon la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation des Églises et de l’Etat, « il est interdit de tenir des réunions politiques dans les locaux servant habituellement à l’exercice d’un culte ou dans leurs dépendances » (Article 35-1). La peine encourue s’élève à cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende, selon l’article 35.
Cette loi souvent mentionnée dans cette polémique, « prohibe les réunions politiques comme les meetings électoraux dans les lieux de culte, mais une prise de parole présidentielle, ou celle d’un maire, ou d’un député n’est absolument pas comparable à un discours politique », d’après Mathieu Carpentier.
Il reste une certaine « ambiguïté », selon Martin Dumont, historien spécialiste dans l’histoire du catholicisme en France du XIX au XXIe siècle. Notre-Dame « est à la fois la cathédrale du diocèse de Paris et un monument national, édifice religieux et cœur de la nation, explique-t-il. Depuis l’incendie et les levées de fonds, la cathédrale est devenue un monument symbole de la France. Emmanuel Macron voulait remercier tous ceux qui ont contribué à relever ce monument ».
Conclusion
A première vue, l’allocution d’Emmanuel Macron en tant que président de la République enfreint le principe de laïcité. Cependant, sa prise de parole dépasse le cadre de sa fonction présidentielle : il s’exprime dans une ultime réunion de chantier des rénovations de la cathédrale, bâtiment religieux et culturel, pour remercier les acteurs de la reconstruction et non pour faire de la propagande politique.