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Non, cette étude ne prétend pas que l’agence américaine des médicaments (FDA) aurait trouvé des « excès de contamination à l’ADN » dans les vaccins anti-COVID à ARN

Canada
Santé et sciences

7 Jan 2025

Une étude qui a fait le tour des réseaux sociaux pendant les Fêtes prétendrait que l’agence américaine des médicaments (FDA) aurait trouvé des « excès de contamination à l’ADN » dans les vaccins anti-COVID à ARN. En réalité, l'article rédigé par des étudiants du secondaire ne prétend pas avoir « découvert » une contamination hors de l’ordinaire : il s’agit avant tout pour eux de proposer une méthodologie pour détecter d’éventuelles contaminations.
Contexte

Une étude qui a fait le tour des réseaux sociaux pendant les Fêtes prétendrait que l’agence américaine des médicaments (FDA) aurait trouvé des « excès de contamination à l’ADN » dans les vaccins anti-COVID à ARN.

Vérification

Est-ce une étude publiée ?

C’est, à tous les coups, la première question à se poser chaque fois qu’on est devant une affirmation en santé qui semble surprenante : la personne qui est derrière l’affirmation s’appuie-t-elle sur ses opinions ou sur des données publiées.

Où a-t-elle été publiée ?

L’article dont il est question ici est paru le 29 décembre dans le Journal of High School Science. Comme son nom l’indique, c’est une revue rédigée par des étudiants du secondaire. C’est une info qui n’apparaît généralement pas sur les messages relayés pendant les Fêtes par les mouvements antivaccins.

Capture d'écran - Message sur X

L’étude a-t-elle été produite par des experts ?

Ce n’est évidemment pas une revue dont les recherches sont réalisées par des experts en vaccins ou en génétique : elle vise à publier les « contributions innovantes d’étudiants du secondaire en science, technologie, génie, arts et mathématiques ». Dans ce cas-ci, les trois signataires sont de l’école secondaire Centreville à Clifton, Virginie.

Et le rôle de la FDA ?

On a également pu lire sur les réseaux sociaux « la FDA découvre que » ou « la FDA admet que ». C’est faux : la FDA n’intervient pas dans ces études et ne fournit, comme les étudiants l’écrivent dans leurs remerciements, qu’un « soutien technique », ce qui veut dire qu’elle met à leur disposition de l’équipement de laboratoire.

Les informations qui précèdent sont simples à obtenir. Mais on peut aller plus loin et se demander ce que signifie cette idée d’une « contamination à l’ADN ».

Qu’y a-t-il de neuf?

Il se trouve que c’est connu depuis longtemps. Des « traces résiduelles » d’ADN (appelés aussi « fragments » ou « impuretés ») peuvent bel et bien être détectées en des quantités infimes. Dans le contexte des vaccins à ARN conçus par Pfizer et Moderna contre la COVID, c’est souvent devenu un prétexte, chez des opposants à la vaccination, pour affirmer que le vaccin va modifier nos gènes, ou qu’il donne le cancer. Or, non seulement y a-t-il des décennies que la possibilité de détecter de telles traces infimes est connue, donc bien avant les vaccins à ARN, mais en plus, il est faux de prétendre que cet ADN serait capable de modifier le nôtre ou de donner le cancer (en fait, il est théoriquement possible de détecter de l’ADN « étranger » en nous à cause de ce qu’on a mangé, de l’air qu’on a respiré, etc.).

Conclusion

Les étudiants ont utilisé deux méthodes différentes pour mesurer les quantités d’ADN présentes dans quelques fioles des vaccins anti-COVID de Pfizer et de Moderna. Les deux méthodes ont leurs limites, et les étudiants ne prétendent pas avoir « découvert » une contamination hors de l’ordinaire : il s’agit avant tout pour eux de proposer une méthodologie pour détecter d’éventuelles contaminations. D’où leur titre: « A rapid detection method of replication-competent plasmid DNA from COVID-19 mRNA vaccines for quality control ».

Leur expérience pourrait contribuer, concluent-ils dans leur texte, à « accroître la confiance » du public face à ces vaccins.

Pour aller encore plus loin

Uniquement sur la rumeur autour des vaccins à ARN, le Détecteur de rumeurs suggère, au choix :

 

Pascal LAPOINTE

Lire l’article original sur Agence Science Pressehttps://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/detecteur-rumeurs/2025/01/07/contamination-vaccins-faut-savoir-etude