Retrouvez l’essentiel de l’événement « Storykillers : lutter contre les entreprises de la désinformation »
Avec Laurent RICHARD, fondateur de Forbidden Stories et Cécile ANDRZEJEWSKI, journaliste de Fordbidden Stories.
Animé par Nassira EL MOADDEM, journaliste indépendante.
Les enjeux
« Ils ont tué le messager, ils ne tueront pas le message. » Tel est le maître-mot de Forbidden Stories, le réseau de journalistes monté en 2017 afin de poursuivre les travaux de journalistes assassinés ou emprisonnés à travers le monde. Son fondateur, Laurent Richard, et Cécile Andrzejeweski, journaliste de Fordbidden Stories, aspirent à penser la profession autrement, à l’échelle globale. Leur démarche : le journalisme collaboratif.
Ce qu’ils ont dit
Laurent Richard (fondateur de Forbidden Stories) : « L’importance est de travailler de manière collaborative et solidaire, pour poser les questions que les journalistes de nombreux pays ne peuvent plus poser. »
« La collaboration apporte de la protection. Ça ne fait aucun sens de tuer un journaliste s’il y en a cinquante autres derrière, prêts à prendre la relève. La collaboration permet de générer du changement à l’échelle globale. »
« Il n’y a pas beaucoup d’écoles de journalisme dans le monde qui apprennent le journalisme collaboratif. C’est plutôt la culture du loup solitaire. Tous les sujets ne se prêtent pas à la collaboration. Mais c’est important de changer l’état d’esprit. »
Cécile Andrzejewski (journaliste de Fordbidden Stories) : « Au moment de l’apparition de Story Killers, l’enquête qu’on a menée, des chiffres sont sortis montrant que les femmes journalistes étaient davantage victimes. »
« La question de la mise en danger se pose au fil de l’enquête. Plus on avance, plus on se rend compte que les gens en face sont puissants et dangereux. »
« C’est un peu rare, pour un journaliste, d’avancer à plusieurs et de mettre ses sources en commun. Mais il y a une espèce d’émulation qui est magique à vivre. »
À retenir
A travers le récit de Story Killers, l’enquête de Forbidden Stories sur les industries de la désinformation à travers le monde, Laurent Richard et Cécile Andrzejewski mettent l’accent sur la collaboration dans l’investigation. Ils regrettent une vision parfois trop solitaire du journalisme et appellent à la formation de consortiums. Ces réseaux permettraient d’offrir à l’opinion publique des informations que « certains ont voulu cacher ». Un combat pour le journalisme et l’intérêt général.
La volonté de Forbidden Stories est ainsi de prolonger le travail d’enquête de journalistes assassinés ou actuellement derrière les barreaux. Si les revenus de l’organisation ne lui permet pas de mettre en oeuvre ce travail pour l’ensemble des journalistes victimes dans le monde, sa volonté est d’agir à l’échelle globale. Et ce, parce que la désinformation est un problème lui-même à l’échelle globale, qui tue nos démocraties. Pour ce faire, le réseau recherche avant tout des journalistes de terrain. Car il ressort de cette conférence qu’une investigation de qualité combine terrain, y compris dangereux, et collaboration.
Élias INSA (EPJT)