Avec Vincent BERTHIER (France), responsable du desk technologie de Reporters sans frontières (RSF), Oliver HAYES (Royaume-Uni), Climate Action Against Disinformation (CAAD) et Gianluca DOTTI (Italie), journaliste indépendant, membre du conseil d’administration de la Fédération européenne des journalistes scientifiques.
Animé par Virginie HERZ, journaliste France 24.
Les enjeux
Pour développer l’IA, de nombreuses infrastructures très énergivores sont nécessaires. De quoi s’interroger sur l’évolution de nos modes de vie et des priorités à donner dans la consommation d’électricité notamment. En tant qu’outil, l’intelligence artificielle peut être utilisée pour vulgariser plus facilement les problématiques environnementales. Une forme de paradoxe car les entreprises privées de la tech sont de plus en plus responsables des émissions de gaz à effet de serre.
Ce qu’ils ont dit
Vincent Berthier . « Ces gens [les concepteurs d’IA] ne connaissent rien des métiers de l’information et ça se voit vraiment. »
« L’I.A. n’est pas du tout une baguette magique. C’est un outil pour être plus efficace dans certaines situations très pécises. »
« Les géants de la tech produisent un récit sur comment nous devons penser et parler de leurs activités. »
Oliver Hayes. « Nous étions frustrés des discussions sur les effets bénéfiques potentiels à long terme. Mais nous avions peu d’éléments sur la situation actuelle. »
« Les entreprises d’hydrocarbures soutiennent la désinformation climatique depuis des années. Maintenant, l’IA a rendu cela plus facile, plus abordable, et plus rapide. »
« Faites des articles sur ce que leurs produits font, pas sur ce qu’ils disent que leurs produits font. »
Gianluca Dotti. « [L’IA] nous permet parfois d’être plus clair et plus compréhensible vis-à-vis du grand public. »
« Certaines entreprises de consulting travaillent pour des gouvernements et des entreprises de la tech, donc ils sont des deux côtés. Ce qui brouille les limites dans les négociations sur le climat. »
« [Avec l’IA] vous pouvez générer du contenu qui est faux, même s’il est avéré faux. Ce qui est un problème puisque cela produit de la désinformation. »
À retenir
L’IA est un outil intéressant pour le journalisme scientifique afin de mieux parler du climat et d’être plus clair. Mais le développement de cette technologie est adossé à des intérêts économiques. Compte tenu des sommes importantes pour développer ces outils, les entreprises privées de la tech exercent une forme d’oligopole. Elles veulent contrôler le récit autour de leurs activités.
Le journalisme scientifique doit donc toujours recontextualiser l’utilisation de l’IA, en particulier sur le thème du climat. Il ne doit donc pas se conformer à la communication des grandes entreprises de la tech. L’IA est davantage un outil qu’un véritable allié de la production de l’information par les journalistes.
Théo Lheure (EPJT)