Avec Alexandre BARLOT (France), journaliste Radio France, Josef EL-MAHDI (Suède), journaliste Sweden Radio, Uli KÖPPEN (Allemagne), journaliste Bayersicher Rundfunk, Alexiane LEROUGE (Belgique), journaliste UER (Union européenne de radio-télévision), Eglantine NYSSEN (Belgique), journaliste Roularta, Carolin OLLIVIER (France / Allemagne), journaliste Arte, avec les regards du Dr. Richard FLETCHER, directeur de la recherche du Reuteurs Institute for the Study of journalism, Vincent BERTHIER, responsable du desk technologie de Reporters sans frontières, Lavinia ROTILI et Charlotte VAN BREUSEGEM, de l’Observatoire de recherche sur les médias et le journalisme de l’UCLouvain, ainsi que Bastien REMY, chargé de mission pour les médias d’information, à la Commission Européenne.
Animé par Philippe Couve (France), fondateur de SAMSA
Les enjeux
Photographies, dessins, banques d’images, mais aussi articles et autres productions journalistiques…Comment l’intelligence artificielle vient redessiner les rôles des journalistes et éditeurs (photo / vidéo) dans la production de contenus informationnelle ? La question de la réduction des budgets est-elle la seule raison à cette expansion de l’IA dans la production de contenus éditoriaux ? L’IA peut-elle aider les journalistes dans leur travail au quotidien ? Nécessite-t-elle de repenser totalement le journalisme ? L’IA n’est elle qu’un outil de gain de productivité ? Telles sont les questions qui ont animé les huit intervenants durant toute la table ronde.
Ce qu’ils ont dit
Alexandre Barlot : À Radio France, nous souhaitons que l’IA soit principalement un outil qui fasse gagner du temps aux journalistes sur le terrain, notamment dans la retranscription ou dans la traduction d’une information. »
Josef El-Mahdi : « Nous travaillons avec de l’intelligence artificielle depuis quelques années et notre stratégie est de permettre au journalisme de poursuivre son développement grâce à elle, d’améliorer notre efficacité au travail et de réduire nos coûts de production. »
Uli Köppen : « Notre projet a été mélangé les équipes d’édition et de production autour du développement de l’intelligence artificielle, afin qu’ils partagent un même langage. »
Alexiane Lerouge : « Nous disposons d’une base de traduction IA, mais nous veillons toujours à dire aux journalistes de ne pas faire confiance à 100 % à l’IA. Chaque journaliste est invité à vérifier son contenu avant de le publier. »
Eglantine Nyssen : « On s’est rendu compte qu’il y avait un énorme manque de connaissance de l’IA par nos journalistes, en dépit de leur envie d’en apprendre davantage sur cette matière ».
Carolin OLLIVIER : « Notre objectif est d’offrir un usage le plus individualisé possible pour tous nos utilisateurs en Europe, donc l’IA est très utile dans la recommandation de contenus. »
À retenir
L’Intelligence artificielle peut-elle aider les journalistes dans leur travail au quotidien ? Tous les acteurs autour de la table se sont accordés sur ce point à travers différents outils, tels que la traduction, la transcription, soit tout ce qui permettrait aux journalistes de gagner du temps dans leurs productions quotidiennes sur le terrain.
Et les journalistes de ces huit rédactions européennes ont constaté, auprès de leurs collègues, une demande d’utilisation de cet outil dans les rédactions avant qu’il ne leur « pique leurs places ». Une demande parfois dénuée de compétences, la plupart du temps, dans l’utilisation de l’intelligence artificielle au quotidien, ce qui fait de l’IA, un frein dans les rédactions, à l’heure où elle devrait permettre un gain de temps et devenir un accélérateur de contenus éditoriaux.
Cette problématique semble avoir été prise en compte par la plupart des médias présents à cette table ronde et bien d’autres qui prennent le problème à bras le corps et organisent des formations pour leurs journalistes. En outre, les médias doivent également faire face au développement encore en cours de l’IA qui nécessite toujours des corrections notamment dans ses contenus audios et vidéos.
Enfin, certains pointent du doigt un danger dans l’utilisation de l’intelligence artificielle par les journalistes dans la production de leurs contenus éditoriaux. Celui de la dépendance et de la sûr-confiance en un outil en plein essor, certes, mais encore parfaitement imparfait. C’est pourquoi il convient toujours aux journalistes de vérifier leurs contenus réalisés avec l’IA, avant publication.
L’autre interrogation que pose l’utilisation de l’intelligence artificielle, c’est la propriété intellectuelle. Les journalistes doivent-ils nécessairement accepter le partage de leurs productions (traduites par l’IA) au-delà de leurs frontières ? Cela pose la question du consentement du journaliste au moment de la diffusion.
David Allias (EPJT)