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Quand les séries s’emparent des faits divers

Tours 2025

11 Mar 2025

La journaliste Alice Géraud, co-scénariste de la série Sambre, passe de l’enquête à l’écran pour mettre en scène les défaillances qui entourent le viol.
La série Sambre est inspirée de faits réels, survenus entre 1988 et 2018. Illustration : France 2

Des femmes agressées le long d’une rivière tôt le matin. Un violeur traqué pendant trente ans. Cinquante-six victimes et une enquête menée par des hommes qui pataugent face au tabou du viol. La journaliste Alice Géraud s’est penchée sur cette terrible affaire du « violeur de la Sambre », dans laquelle les femmes ont été invisibilisées. Elle en a tiré un livre puis la mini-série Sambre, dans laquelle elle pointe du doigt l’échec policier et judiciaire durant l’investigation, qui aurait dû être résolue plus tôt.

De la littérature au cinéma, le fait divers a finalement investi les séries télévisées. Le genre fascine et « il éclaire surtout les dysfonctionnements de notre monde ». « Avec Sambre, je voulais sortir cette histoire du simple fait divers et qu’elle devienne un fait de société », souligne Alice Géraud. La journaliste a tenu à ce que la série ne s’accroche pas aux cas particuliers des victimes réelles mais s’en inspire pour « toucher quelque chose de plus universel ». Selon elle, « le journalisme ne peut pas raconter l’intime – le viol – comme le fait la fiction ». Sambre a d’ailleurs convaincu les chaînes internationales, jusqu’aux écrans japonais.

La force de la fiction, c’est l’émotion. « Les gens se reconnaissent dans les récits fictifs. Cette série a permis d’élargir le profil des personnes qui se sont intéressées à cette histoire, alors que le livre tiré de mon enquête a surtout touché des femmes sensibilisées au sujet du viol », analyse Alice Géraud. Diffusée en prime time sur France 2, Sambre a bouleversé plus de trois millions de téléspectateurs. Et parmi eux bien sûr, des hommes. La mini-série ouvre un grand débat entre les deux parties : femmes et hommes, pour peut-être parvenir à enfin briser le tabou.

Margot COURTIN/EPJT