Avec Luc BOURRIANNE, rédacteur en chef de la Nouvelle République du Centre-Ouest ; Loup ESPARGILIERE , rédacteur en chef de Vert ; Yann GUEGUAN, vice-président du Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM) ; Catherine LEVESQUE LECOINTRE, journaliste – membre de l’association des Journalistes Écrivains pour la nature et l’écologie (JNE) ; Eva MOREL, secrétaire générale de QuotaClimat.
Animé par Stéphane FRACHET, correspondant en région pour Les Échos.
Les enjeux
En 2024, les sujets liés à l’environnement ne représentaient que 3,7 % de la couverture médiatique. Un chiffre insuffisant au regard d’un enjeu majeur qu’est le réchauffement climatique. Pour remédier à cette situation, une proposition de loi a été présentée afin d’instaurer des quotas d’informations consacrés à ces thématiques.
Ce qu’ils ont dit
Loup ESPARGILIERE (rédacteur en chef de Vert) : « Ça n’est pas parce que l’on parle plus de climat que l’on en parle mieux. Des chaînes comme C8 et Cnews se sont emparés de ces sujets mais cherchent à caricaturer les discours écologistes, voir même discréditer le consensus scientifique. »
« Je pense qu’il y a un sens de l’urgence qui n’est pas du tout le même en fonction des médias et des journalistes sur la question du traitement médiatique. Je ne veux pas parler de fossé générationnel mais certains n’ont pas les mêmes préoccupations sur ces enjeux. »
Luc BOURRIANNE (rédacteur en chef à La Nouvelle République) : « Dans notre profession, nous sommes sans cesse en train de nous questionner sur nos pratiques. C’est une bonne chose, mais il ne faut pas oublier nos lecteurs. Dans la PQR, on a un décalage entre les traitements que l’on souhaite porter et les publics qui lisent notre journal. »
Yann GUEGUAN (vice-président du conseil de déontologie journalistique et de médiation) : « On a des médias qui choisissent de donner la parole à des personnalités qui remettent en cause le consensus scientifique et ils en ont le droit. En revanche, le journaliste doit faire son travail et offrir du contradictoire lorsque c’est nécessaire.»
« La possibilité d’avoir une sanction pour un choix éditorial est une terrible erreur. Dans une démocratie, avoir une pluralité d’idées, c’est le fondement du débat. »
À retenir
L’instauration de quotas pour les sujets liés à l’environnement suscite de vives discussions au sein de la profession. Certains journalistes, à l’instar de Loup Espargillière (rédacteur en chef et fondateur de Vert), saluent cette initiative qu’ils jugent bénéfique pour une meilleure prise en compte des enjeux climatiques. D’autres, au contraire, y voient une contrainte imposée aux rédactions, menaçant ainsi leur liberté éditoriale. Pour Eva Morel, secrétaire générale de QuotaClimat, cette régulation s’impose au nom du devoir d’informer, à l’image de la loi Evin, qui interdit la promotion du tabac dans les médias.
Gabriel ZIAR (EPJT)