Retrouvez l’essentiel de la conférence « Nouveaux médias : ils se sont lancés cette année »
Animé par Clara-Doïna Schmelck, journaliste médias, rédactrice en chef-adjointe d’Intégrales, chroniqueuse radio et philosophe, avec Aude Lalo, fondatrice du magazine Flush, Nina Gheddar, rédactrice en chef à Guiti News, et Benjamin Peyrel, journaliste et cofondateur de Mediacités.
LES ENJEUX
En 2018, plus d’une dizaine de médias se sont implantés dans le décor informationnel français. « Ce sont des titres qui se lancent et qui n’ont pas peur d’y aller » comme l’explique Clara-Doïna Schmelck. Au détour de nouvelles créations et de l’adoption de nouvelles formules, il s’agit de revenir sur les choix des éditoriaux, la configuration de ces jeunes médias, et de faire un retour sur cette première expérience. Car la crise du papier et la défiance envers le journalisme et les journalistes participent à la pérennisation de plus en plus faible des nouvelles publications. Comment se distinguer et comment survivre dans le panorama médiatique français ? Des acteurs de Guiti News (média web parlant de la migration autrement), Flush (magazine papier commentant l’actualité sociétale par le prisme de la lunette des toilettes) et de Mediacités (média web tourné vers l’investigation dans les grandes villes françaises) ont répondu à cette question.
CE QU’ILS ONT DIT
Nina Gheddarde : « Ce n’est pas qu’une aventure médiatique, c’est aussi une aventure humaine.»
Aude Lalo: « Les toilettes sont un dénominateur commun peu exploité, mais révélateur de la société. C’est un eldorado où il n’y a personne. On peut parler d’économie, de société, de politique et d’environnement à travers cet angle. Flush, c’est aussi une niche : nous avons des annonceurs très spécialisé et réceptifs à la publicité car ils n’avaient pas de canal de diffusion dédié. La publicité fait partie d’une volonté de montrer des choses qu’on ne voit pas ailleurs. »
Clara-Doïna Schmelck: « Il y a des médias qui ne résistent pas. C’est un échec mais les choses ne sont pas vouées à durer éternellement, c’est dans l’ordre des choses. De l’échec, on apprend de nos erreurs. Et malheureusement l’échec n’est pas assez valorisé. »
Benjamin Peyrel: « La plateforme Lanceur d’enquêtes permet de se rapprocher du lecteur. Cela met un accent sur la dimension participative. Cela permet ainsi aux citoyens de co-construire avec nous des enquêtes. C’est très bénéfique. »
A RETENIR
Qu’ils soient sur papier ou sur le web, les nouveaux médias sont passés par différentes phases communes pour s’implanter. Il est nécessaire de réfléchir au public visé, à la façon dont on va communiquer autour du média (quelle utilisation des réseaux sociaux ? Facebook et Twitter sont les plus plébiscités) mais aussi comment le financer (incubation, subventions, bourses, publicités, actionnaires, abonnements, ventes en kiosque, toutes les possibilités sont étudiées). L’avenir du média doit également faire partie intégrante de la réflexion dès sa création. Flush pense déjà à créer « un site internet répondant à des actualités de temporalités différentes, pour asseoir la marque Flush », comme l’explique Aude Lalo. Le média Guiti News, lui, songe à s’implanter à l’international en travaillant en collaboration avec des journalistes internationaux, mais aussi à mettre en place une application Guiti. Quant à Mediacités, créé en 2016, l’ouverture de sa plateforme Lanceurs d’enquêtes en octobre 2018 lui permet aujourd’hui de se créer du lien avec le citoyen et produire du contenu de manière participative. Mais songer à l’avenir, c’est aussi penser à la fin. Et si cela s’arrêtait ? Tous considèrent la fin d’un média non pas comme un échec, mais comme une expérience. Si c’était à refaire, ils se lanceraient à nouveau, sans hésitation, avec comme nouveaux bagages les enseignements tirés de leurs erreurs passées. Un seul regret : à l’absence de véritables clés d’insertion professionnelles pour monter son propre média dans les écoles de journalisme.
Élise GILLES