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[INTERVIEW] Julien Bancilhon, rédacteur en chef du Papotin : « Ces jeunes ont beaucoup à apporter à la société »

Tours 2024

29 Mar 2024

Les Rencontres du Papotin – Julien Bancilhon et Philippe Etchebest à l’institut du Monde arabe. Photo : Stéphane Grangier/FTV

Julien Bancilhon, psychologue, est engagé depuis 2019 dans l’aventure du Papotin. Vendredi 29 mars, il coordonnera l’équipe du Papotin lors de l’interview d’Edwy Plenel, co-fondateur de Mediapart.

Quel-est votre rôle au sein du Papotin ?

Julien Bancilhon. On m’appelle le rédacteur en chef du Papotin, mais je suis avant tout psychologue à l’hôpital de jour d’Anthony. Le Papotin, c’est d’abord une activité de centres spécialisés dans l’accueil des personnes autistes. Nous restons attachés à ce que cela reste un projet culturel, où nous ne parlons pas de personnes autistes mais de journalistes atypiques. Au sein du Papotin, j’anime les conférences de rédaction hebdomadaires. Elles réunissent en tout 60 à 70 personnes issues de différentes institutions (les hôpitaux de jour, instituts médico-éducatif, foyers d’accueil médicalisés) et des électrons libres, des personnes autonomes. Je coordonne alors la circulation de la parole et l’expression de nouvelles envies pendant ces conférences. Mais je reste un psychologue à plein temps, qui n’a aucune formation de journaliste. 

Comment l’équipe du Papotin organise-t-elle sa venue au théâtre de l’Olympia de Tours pour l’interview Edwy Plenel vendredi soir ?

J.B. À cette occasion, nous nous déplaçons avec environ un tiers de l’équipe, nous faisons l’aller-retour dans la journée. Nous serons à peu près vingt-cinq, deux cadreurs, une quinzaine de journalistes atypiques et des éducateurs. Babouillec, qui communique avec un alphabet de carton, se déplace avec sa mère et un aidant. Claire et Stanislas, qui eux sont autonomes, seront là aussi. Un voyage à Tours, c’est une logistique de dingue. Toutes ces personnes ont des emplois du temps compliqués. Les accompagnateurs font des heures supplémentaires qui ne sont pas forcément rémunérées et les parents doivent s’adapter pour emmener et venir chercher leurs enfants à la gare à des horaires tardifs. Mais nous le faisons parce que nous aimons cela et que nous pensons que ces jeunes ont beaucoup à apporter à la société. 

Comment préparez-vous cette interview de l’ex-rédacteur en chef de Mediapart ?  

J.B. L’organisation des Assises du journalisme nous a proposé de réaliser l’interview d’Edwy Plenel et il y a eu un enthousiasme particulier de la part des journalistes. Cette interview sera filmée et diffusée sur la chaîne Youtube du Papotin. Pour la préparer, je suis en charge de leur envoyer par mail des informations sur Edwy Plenel. Ensuite, je compte laisser la rencontre se faire. Pour cette interview, ce n’est pas le même travail que pour les classiques « Rencontres du Papotin », diffusées sur France 2 le samedi, qui demandent plus de préparation en amont et obligent une séance de mise en commun. Là, chaque éducateur va travailler de son côté avec les journalistes. Les éducateurs sont très engagés dans ce projet. Ce sont de bonnes équipes très dévouées qui aiment ce qu’elles font.

Pourquoi réaliser des interviews filmées en plus du journal ?

J.B. L’esprit est le même dans le journal du Papotin que dans les interviews filmées. L’idée est de faire partie du paysage médiatique car les journalistes atypiques passent beaucoup de temps devant la télévision et veulent rencontrer les personnalités qu’ils y voient. Nous sommes très heureux d’avoir pour invité Edwy Plenel, à qui j’aimerais d’ailleurs proposer de devenir corédacteur en chef d’un de nos prochains numéros. 

Propos recueillis par Susie Bouyer (EPJT)