Contexte
Le 3 février 2023, le gouvernement centrafricain, par l’intermédiaire du ministère de la défense et de la restructuration de l’armée nationale, a interdit le survol de drones, à l’exception de ceux appartenant aux forces armées nationales. Cette mesure, officialisée par une note signée par le ministre de la Défense, Rameaux Claude Bireau, a été prise en réponse aux nombreuses attaques de drones visant les positions des FACA dans certaines zones reculées du pays, notamment à Ndélé et Bossangoa.
Dans ce contexte, plusieurs publications relayées sur les réseaux sociaux suggèrent que ces attaques sporadiques de drones non identifiés ou les survols aériens sans autorisation préalable du gouvernement centrafricain seraient systématiquement imputés à la Mission des Nations Unies en Centrafrique, la Minusca. C’est notamment le cas d’une récente publication datant de décembre 2024, accusant la Mission de ne pas respecter les restrictions sur l’usage des drones en Centrafrique.
Le 31 décembre 2024 sur une page Facebook nommée « 236 Actu », une publication indique : « la MINUSCA continue de violer le régime de survol des drones en Centrafrique ». Cette publication a été largement relayée dans divers groupes du réseau social, notamment « Les bonnes affaires en Centrafrique : vente, achat, troc, offres d’emplois ».
Vérification
Dans le cadre de cette vérification, Centrafrique Check a interrogé Florence Marchal, porte-parole de la Mission des Nations Unies en Centrafrique, lors de la conférence de presse hebdomadaire de la MINUSCA du 8 janvier 2025. Elle a nié toute violation du régime de survol des drones et a précisé la raison de la présence des contingents onusiens dans la région : « C’est archi-faux, la Minusca n’a pas enfreint le régime de survol des drones. La Minusca, présente à Zangba depuis trois semaines, est là pour assurer la sécurité de la population et non pour enfreindre la réglementation sur le survol des drones. »
La rédaction de Centrafrique Check a aussi contacté Serge Badela, sous-préfet de Zangba, qui rejette ces accusations en bloc, estimant qu’elles visent à nuire à l’image de la Mission onusienne : « Ces allégations sont grotesques et dénuées de preuves, c’est une tentative de salir l’identité de la Minusca. »
Même constat du côté de Bonaventure Yambonzi, maire de la localité, qui dément fermement ces accusations. Joint par téléphone, il précise que la Minusca n’était même pas présente à Zangba au moment des faits allégués : « Je ne crois pas que la Minusca soit venue ici après le 26 décembre. De quoi parlent-ils en l’accusant ? C’est faux. »
Même écho du côté de Moustapha, président de la jeunesse locale, qui a déclaré à Centrafrique Check : « La Minusca est arrivée dans notre ville après le 26 décembre 2024. De quelle Minusca parlent-ils ? C’est une fausse information. »
Verdict
En conclusion, l’allégation publiée le 31 décembre 2024 sur la page « 236 Actu », puis relayée par plusieurs internautes dans divers groupes Facebook, affirmant que la Minusca violerait le régime de survol des drones en Centrafrique, n’est pas fondée. Après plusieurs vérifications menées par Centrafrique Check, ces allégations se révèlent fausses et démenties par les autorités locales ainsi que par la Minusca elle-même.
Romaric GBOMANDJI
Lire l’article original sur Centrafrique Check : https://centrafriquecheck.org/la-minusca-a-t-elle-enfreint-le-regime-de-survol-des-drones-a-zangba-non-cette-affirmation-est-fausse/