Contexte
Lors des questions au gouvernement le 5 novembre 2024, le député écologiste Charles Fournier interpelle le ministre de l’Industrie sur les nombreux plans de fermetures de sites industriels. Le ministre délégué chargé de l’Industrie, Marc Ferracci, lui répond : « La ré-industrialisation de notre pays reste un cap et elle reste une ambition. Vous avez évoqué les sites qui ferment. L’observatoire de l’emploi industriel et des fermetures de site du ministère de l’économie a produit des chiffres qui montrent que le cap est tenu, que les ouvertures de sites en terme net continuent ».
Nous avons contacté le cabinet du ministre par mail qui ne nous a pas répondu.
Vérification
Selon le baromètre industriel de la Direction générale des entreprises (DGE), publié en novembre, 59 sites industriels ont fermé au premier semestre 2024. Pendant la même période, on compte 51 ouvertures. Ainsi pour le premier semestre 2024, la France a fermé plus de sites industriels qu’elle n’en a ouvert.
Depuis 2023, la DGE tient, tous les six mois, un baromètre industriel qui suit l’évolution de la réindustrialisation en France. Sa méthodologie repose sur l’effectivité. « Cela correspond à la date de la première production, dès lors que le premier produit sort de l’usine », indiquent les services de la DGE.
Pour le premier semestre 2024, le bilan est de 36 ouvertures nettes. Mais dans ce chiffre positif de 36 ouvertures nettes, le terme « ouverture » inclus les extensions significatives des industries. Le bilan est la différence entre d’un côté les extensions et les ouvertures et de l’autre les réductions et les fermetures de site.
Le baromètre prend en compte « une augmentation ou une réductions de 40% de la production de l’usine » explique Haize Etchamendy, chargée des relations presse à la DGE jointe par téléphone. Cette variation de l’activité industrielle « a un impact sur le territoire et est souvent associée à un augmentation d’emploi sur le site », précise Vincent Vincard, économiste, directeur adjoint du centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII).
Les extensions et fermetures significatives sont « de fait assimilable à l’ouverture ou la fermeture d’un nouveau site » selon la méthodologie du baromètre industriel. Le fait d’associer les extensions avec des ouvertures de sites peut paraître trompeur mais Vincent Vincard confirme bien que cette méthodologie d’étude est « courante ». Mais il ajoute : « il est néanmoins important de les différencier dans le bilan global. »
« La bataille de chiffres peut en revanche être présente dans l’hétérogénéité des industries que l’on prend en compte » poursuit-il. La taille de l’entreprise ne rentre pas en compte dans la comptabilité du baromètre. La méthodologie du baromètre le rappelle bien : « une » gigafactory » ou la première industrialisation d’une start-up compteront comme une même unité industrielle ».
Selon l’Insee, la création nette d’emplois salariés dans l’industrie atteint 12 000 postes au premier semestre 2024, soit une hausse de 0,3%. Cette faible évolution du nombre d’emploi salarié dans l’industrie traduit une certaine stabilité du secteur.
Conclusion
Bien que la France ait fermé plus d’usines qu’elle n’en a ouvert en 2024, le ministre délégué chargé de l’Industrie affirme que le solde net des ouvertures d’usines reste positif. Cette affirmation s’appuie sur le baromètre de la DGE. Elle est correcte, car le terme « ouverture » inclut aussi les extensions et les transformations significatives d’usines existantes.