Avec Rawan Aldamen, directrice du réseau ARIJ ; @arij, Nasser Abou baker, secrétaire général du Syndicat des journalistes de Palestine et vide-président de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) @InfoPJS et Ricardo Mir de Francia, grand reporter pour El Periodico et ancien correspondant au Moyen-Orient @mirdf.
Modéré par Rana Al Akbany, journaliste et directrice de North Africa Media Academy.
Les enjeux
Menaces quotidiennes, censure médiatique, et propagation de fake news. Tel était le constat dressé par les journalistes des deux rives de la Méditerranée sur la couverture des conflits au Proche-Orient. En effet, depuis le 7 octobre, les reporters en Palestine sont confrontés à plusieurs difficultés qui les forcent à travailler dans des conditions particulières. L’année dernière le syndicat des journalistes palestiniens a enregistré plus de 1 600 attaques contre les reporters basés à Gaza. En moyenne chaque journaliste a été ciblé au moins dix fois au cours de sa carrière par l’armée israélienne. Mais si l’endroit change la réalité reste la même a quelques kilomètres de la Palestine, au Liban, les journalistes vivent le même scénario, ils font face à des attaques quotidiennes qui menacent leur vies et celle de leur famille. En plus de ce risque, ces journalistes sont souvent confrontés à une masse de fakes news provenant des médias israéliens. Ce contenu médiatique vise à façonner l’opinion publique internationale pour remettre en question et « silencier » la couverture des journalistes palestiniens.
Ce qu’ils ont dit
Nasser Abu Baker, président du syndicat des journalistes palestiniens : « Les journalistes reporters à gaza sont tout le temps confrontés au défi du déplacement lors de leur couverture médiatique. Pour nous protéger des attaques de l’armée israélienne, nous sommes obligés de travailler tout le temps en groupe. Si un journaliste prend le risque de se déplacer seul, il sera immédiatement tué par Israël. »
Ricardo Mir de Francia, reporter international a El periodico et correspondant en Moyen-Orient : « Dans les médias occidentaux, le récit médiatique est conçu d’une manière bien étudiée pour servir des intérêts israéliens. Lorsqu’il s’agit d’Israël, les médias amplifient toujours les évènements. Par exemple, on peut trouver un article qui mentionne que 500 personnes ont été tuées à Gaza sans préciser qui les a tuées. Par contre dans le même récit on précise que 20 personne ont été tuées en Israël par des attaques terroriste du Hamas. »
« Dans les médias occidentaux, il est strictement interdit de mentionner que ce qui se passe à Gaza est un génocide. »
Rawan Aldamen directrice générale du réseau Arab Reporters for Investigative Journalism (ARIJ) : « Depuis le 7 octobre, 60 % des journalistes palestiniens ont quitté Gaza, 49 % ont été menacés et obligés d’abandonner leur travail. Conséquence : 86 % des rédactions ont été détruites. »
« Le journalisme mobile a beaucoup aidé les reporters en Palestine à faire leur travail. Un jour, un journaliste m’a dit que son ordinateur avait été endommagé pendant des attaques armées et maintenant il utilise son téléphone pour faire son travail. »
À retenir
Les journalistes présents au Proche-Orient sont confrontés à plusieurs enjeux dans leur couverture médiatique du conflit. Travaillant dans une situation de guerre, leur vie, mais aussi celle de leur famille, est menacée, ce qui a poussé nombre d’entre eux à quitter la région ou à abandonner leur métier. Le but de cette stratégie est de contrôler l’information et isoler la région de l’actualité médiatique. Israël, travaille également sur la fabrication d’un contre récit dans les médias occidentaux basé sur la propagande et les fake news, afin d’attirer un soutien populaire et diplomatique occidental. Au milieu de cela, les journalistes continuent à faire leur travail et à couvrir le conflit dans la région. A travers le journalisme mobile ils ont su faire des réseaux sociaux une nouvelle arène pour décrire le quotidien des Palestiniens et mener leur combat sur un terrain diffèrent.
Walaa Bourbala (EPJT)