Retrouvez l’essentiel de l’événement « Les entretiens de l’info : quand les jeunes femmes journalistes de sport occupent le terrain »
Pierre Galy, Tiffany Henne, Azaïs Perronin, Sandy Montanola, Pauline Guillou et Jean-Marie Charon. Photo : Mourjane Raoux-Barkoudah/EPJT
Avec Tiffany HENNE, journaliste pigiste, Association des femmes journalistes de sport ; Pierre GALY, chef du département des sports AFP ; Pauline GUILLOU, journaliste pigiste et membre de Femmes Journalistes de Sport ; Sandy MONTAÑOLA maîtresse de conférence à l’université Rennes 1 et Azaïs PERRONIN relayeuse et journaliste pigiste.
Animé par Jean Marie CHARON, sociologue des médias CNRS-EHESS
Les enjeux
Les femmes journalistes de sport rencontrent encore davantage de difficultés que leurs homologues masculins. Toutefois, des mesures sont mises en place et offrent un espoir pour les prochaines générations de journalistes.
Ce qu’ils ont dit
Pauline Guillou (journaliste pigiste et membre de Femmes Journalistes de sport) : « Je me sens un peu seule dans les rédactions mais avec l’association, on se sent nombreuses (250 adhérentes). En fait on est là, c’est juste qu’on ne nous voit pas beaucoup ! »
« Quand on est une fille, on a un syndrome de l’imposteur qui est énorme et encore plus dans des rédactions de sport. Mon entrée dans le métier a été plutôt compliquée. Mais j’ai envie de croire que c’est le métier qui est comme ça et que ça se passe comme ça partout. »
Azaïs Perronin (relayeuse et journaliste pigiste) : « L’absence de modèle a été importante. Je n’ai pas vu beaucoup de femmes et cela a sûrement joué sur le fait que je n’arrive pas à me projeter en tant que femme journaliste de sport. »
Sandy Montanola (maîtresse de conférence à l’université Rennes 1) : « Plus le sport est considéré comme important et moins on a de femmes. L’entrée des femmes se fait surtout dans les secteurs les moins convoités : on les compte beaucoup dans les postes précaires. »
« Le journalisme est l’un des secteurs où les perspectives pour progresser sont non transparentes. »
« Le sport est un domaine historiquement masculin construit autour de la virilité. En faisant du sport un moment de sociabilisation entre hommes, on perd de l’audience en y intégrant des femmes. Dans une logique de rentabilité, pour aller chercher un public, on va polariser ces endroits. »
Tiffany Henne (journaliste pigiste et membre fondatrice de l’association Femmes Journalistes de Sport) : « Le but est d’aller toucher les postes à responsabilité et dans le sport, les postes de commentatrices. On dit à des dizaines de journalistes sportives que la voix des femmes, c’est pas possible pour commenter car elle va monter dans les aigus. »
« Je suis tout à fait pour l’instauration des quotas. Si on attend de ces messieurs blancs d’un certain âge, on peut attendre longtemps. Le jour où l’égalité sera atteinte, c’est le jour où des femmes incompétentes seront à des postes à responsabilité, comme c’est le cas pour certains hommes aujourd’hui »
À retenir
Si la parité est atteinte dans les cartes de presse, elle ne l’est pas en sport qui reste un univers masculin. Syndrome de l’imposteur, remarques sexistes, du mal à se projeter dans la profession à cause de l’absence de modèle… Le chemin est plus difficile pour les femmes que pour les hommes.
Les violences sexuelles et sexistes peuvent notamment les dissuader de se lancer. D’autant plus que dénoncer, c’est prendre un risque pour sa carrière.
Même si 61 rédactions ont signé la Charte pour une plus grande égalité femmes-hommes dans les rédactions sportives, que des cellules VSS et des référents « harcèlement sexuel » ont été mis en place, le plafond de verre persiste. Une situation encore plus compliquée pour les femmes racisées – et les minorités en général.
Clara Demajean (EPJT)