Photo : Capture d’écran
Gaze est un magazine féministe et engagé qui revendique sa subjectivité. La ligne éditoriale est assumée, l’objectif est d’en finir avec les stéréotypes et de faire un travail journalistique collaboratif.
La Deferlante, Gaze, Censored : depuis 2020, un nouvel air souffle sur la presse féminine. Plus osée, plus affirmée, plus créative… Celle-ci se renouvelle pour correspondre à un nouveau public, jeune et militant. Gaze, magazine féministe exclusivement rédigé par des femmes et des personnes non-binaires a été créé en 2020. « Notre mission éditoriale consiste à promouvoir les regards subtils dans leur diversité, assume Clarence Edgar-Rosa, la co-fondatrice du magazine. Nous sommes avides de perspectives subjectives, car la manière dont nous abordons un sujet est aussi cruciale que le contenu que nous partageons. »
Chaque article est écrit à la première personne du singulier. Cela permet aux journalistes de conserver leur point de vue tout au long de l’article. Du côté de la photographie, le magazine adopte une démarche similaire et met en avant les liens personnels entre le/la journaliste et la personne interrogée.
Contrecarrer l’entre-soi
« Nous rejetons l’idée de l’objectivité absolue et obligatoire, déclare Clarence Edgard-Rosa. C’est pour nous une illusion. Selon nous, ce n’est pas anti-déontologique d’agir ainsi, puisque nous restons tout de même transparents. C’est plutôt un parti pris. » Le processus éditorial est collaboratif. Depuis sa création en 2020, la rédaction choisit collectivement les thèmes de chaque numéro et engage des journalistes qui connaissent les réalités des sujets qu’ils traitent.
Le but est d’encourager la diversité des lecteurs et contributeurs. La volonté est de contrecarrer les tendances d’entre-soi dans le journalisme et de permettre à une variété de voix de s’exprimer. Un de ses principaux défis est de rendre Gaze accessible à un public diversifié. « Nous avons remarqué un désintérêt chez certains hommes pour nos sujets, mais nous espérons attirer leur attention grâce à la photographie notamment », souhaite Clarence Edgar-Rosa.
Changer les codes
D’après la sociologue spécialiste du rapport du féminin et du masculin, Christine Castelain-Meunier, ce qui se démarque dans le paysage médiatique actuel, c’est la capacité de ces rédactions à présenter l’information avec une analyse personnelle. Cette évolution vers une information non formatée contribue justement à combattre les clichés et à contrecarrer une presse féminine qui jusqu’alors perpétue un schéma patriarcal.
« Par exemple, Elle, en sollicitant des actrices grand public, communique avec les femmes à travers des stéréotypes, estime la chercheuse. A contrario, le nouveau type de presse féminine veut changer les codes. » Les jeunes cherchent à s’identifier et à trouver des résonances à travers des journalistes qui se caractérisent par leurs différences et qui leur parle directement. Et revendiquent désormais le besoin de médias qui partagent leurs ressentis.
Juliette HUVET-DUDOUIT