[RÉSUMÉ] Le journalisme de sport, un journalisme de science qui s’ignore ?

Tours 2024

27 Mar 2024

5 minutes de lecture

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Le journalisme de sport, un journalisme de science qui s’ignore ? »

 

Marie Thimmonier, Damien Ressiot, Agnès Vernet et Vincent Bordenave. Photo : Julien Grohar/EPJT 

Avec Vincent BORDENAVE, journaliste Sciences, Environnement, Santé au Figaro, Damien RESSIOT, directeur du Département des enquêtes et du renseignement Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), et Marie THIMMONIER, journaliste indépendante sport, genre et société (L’Équipe, Libération, Marie-Claire & Les Sportives).

Animé par Agnès VERNET, vice-présidente de l’AJSPI.

 

Les enjeux

Le journalisme de sport est-il un journalisme de science qui s’ignore ? Voilà la question à laquelle tentent de répondre les trois intervenants. À travers leurs explications, nous comprenons que les journalistes sportifs sont contraints, de plus en plus, de maîtriser les questions scientifiques afin de comprendre les enjeux actuels : dopage, grossesse, blessures, etc. Cette connaissance de la science passe par un intérêt des journalistes sportifs mais aussi par des échanges avec des scientifiques et des spécialistes. 

 

Ce qu’ils ont dit

Vincent Bordenave (journaliste Sciences, Environnement, Santé au Figaro) : « Il faut confronter les sources dans le sport mais comme dans tous les domaines. Le scientifique n’a pas une vérité absolue mais une démarche scientifique basée sur le doute. »

« Quand on relit, il y a un échange. On ne change pas tout. Il y a des tensions et des choix. À la fin, c’est le journaliste qui décide ce qu’il y aura dans le papier. C’est lui qui signe. » 

Damien Ressiot (directeur du Département des enquêtes et du renseignement Agence française de lutte contre le dopage) : « Dans le sport, il y a un aspect affectif très fort. S’occuper de dopage et de corruption n’était pas aisé. Nous passions du copain à fossoyeur de sport. J’étais le seul candidat à me proposer. J’ai suivi un diplôme à l’Université de Montpellier. »

« On ne peut pas traiter du dopage si on ne comprend pas comment fonctionne la physiologie de l’effort. Ce qui est important, c’est obtenir la confiance de personnes compétentes. L’affaire Armstrong, en 2005, n’aurait jamais pu se faire sans l’aide de ces scientifiques et analystes du dopage. »

« Au fil du temps, on découvre assez vite que chez les scientifiques il y a des guerres de chapelles. Il faut donc rester très lucide sur tout ce qui est en jeu. On reste journaliste. Il n’y a pas que des scientifiques honnêtes. »

Marie Thimmonier (journaliste indépendante sport, genre et société pour L’Équipe, Libération, Marie-Claire & Les Sportives) : « Les entraîneurs conseillaient à leurs athlètes de ne pas allaiter pour retrouver leur niveau d’avant grossesse. Je me suis questionnée sur cette tendance afin de comprendre sur quoi ces entraîneurs s’appuyaient. »

« En interrogeant des scientifiques, j’ai compris que tout cela était faux. L’allaitement n’empêchait en rien de continuer une pratique sportive et de retrouver son niveau. »

« Je préfère faire relire mes papiers à des scientifiques pour ne pas écrire de bêtises mais aussi pour ne pas trop vulgariser et perdre les propos initiaux. »

 

À retenir

Pour un journaliste, il n’est pas aisé de parler de sport et de science. En effet, celui-ci se confronte à plusieurs difficultés. Tout d’abord, il doit convaincre les rédactions qui sont souvent davantage intéressées par des portraits de sportifs que par des sujets très spécifiques tels que le dopage. Ensuite, il a besoin de trouver des données scientifiques, parfois rares, et des spécialistes avec le risque que ceux-ci délivrent, volontairement ou involontairement, des erreurs. Le journaliste doit donc réussir à multiplier et vérifier ses sources. Enfin, il doit écrire un papier précis sans trop le vulgariser et sans perdre les propos des scientifiques. 

 

Thomas Langeard (EPJT)