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[LE RÉSUMÉ] Des rédactions à l’image de nos sociétés ?

Bruxelles 2022

24 Nov 2022

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Des rédactions à l’image de nos sociétés ? »

Roxane Biedermann, Lina Chawaf, Reetta Nousiainen et Guylaine Germain (de gauche à droite). Photo : Zahra Douche/E.P.J.T.



Avec Roxane Biedermann, responsable de la formation pour le Media Diversity Institute (MDI) ; Lina Chawaf, présidente de Community Media Forum in Europe (CMFE) ; Reetta Nousiainen, professeure en journalisme de l’université Haaga-Helia et chercheuse spécialisée sur les questions de diversité dans les rédactions.

Animé par Guylaine Germain, coordinatrice genre et diversité de l’Association des journalistes professionnels (AJP).

Les enjeux

Les profils types de journalistes présents dans les rédactions ne reflètent pas la société actuelle. Ce manque de diversité dans les rédactions engendre un manque de diversité dans l’information. Cela viendrait à oublier la part démocratique que les médias sont censés porter.

Ce qu’ils ont dit

Roxane Biedermann : « Sur dix victimes d’islamophobie, neuf sont des femmes. On parle alors d’islamophobie genrée. »

« Beaucoup de femmes musulmanes refusent de contacter la presse. Elles en ont assez des questions stéréotypées qu’on leur pose et ont peur que leurs propos soient déformés. De plus, on leur demande souvent de parler des problématiques liées à leur religion et non pas de leur domaine d’expertise. »

Lina Chawaf : « Une femme au sein de la rédaction est essentielle pour assurer la diversité des contenus. Il faut que ce soit équitable. »

« Les femmes journalistes reçoivent plus de menaces, c’est donc plus difficile pour elles. On s’en prend à notre vie privée. « Retourne à la cuisine, c’est ta place. », « Que fais-tu ici ? Tu n’as rien à faire ici ? »… Voilà ce qu’on nous dit. Et souvent, c’est pire. »

Reetta Nousiainen : « En Finlande, les salles de rédaction nous ressemblent fortement : très blanches, très classe moyenne, avec une majorité de femmes. »

« Nous avons besoin d’un discours politique fort dans le sens de la diversité au sein de notre société. Il faut plus de représentation dans les rédactions mais il existe encore des limites qui empêchent d’opérer cela. »

« Nous tentons de changer les salles de rédaction, afin qu’elles soient plus diversifiées. Lorsque l’on interroge les rédacteurs en chef, ils disent que cela est très important, mais que c’est vraiment difficile de changer la donne. »

Guylaine Germain : « En Belgique, les résultats de notre dernière étude datant de 2013 montrent que la diversité au sein des rédactions est encore trop peu représentée. Le portrait type du journaliste n’est pas très diversifié. On a tous les mêmes retours sur les stéréotypes racistes présents dans les rédactions. »

« En 2018, l’AJP a coordonné une étude qui listait les raisons pour lesquelles les femmes fuient les rédactions : elles sont moins payées, il y a un tabou autour de la matenité des femmes journalistes, elles sont cantonnées à certains sujets… Cela les rebutent à persévérer dans leur carrière. »

À retenir

Certaines associations de journalistes comme l’AJP remarquent que les rédactions tentent de plus en plus de prendre des décisions sur la diversité au sein des rédactions. Beaucoup font des efforts et essaient d’évoluer dans le bon sens. Malgré cela, la stigmatisation des minorités dans le paysage médiatique persiste et se reflète aussi sur l’information et par extension sur la société.

Shana Benflis, Maëlle Ceola et Zahra Douche