Retrouvez l’essentiel de l’événement « La presse régionale peut-elle se passer des correspondants locaux de presse ? »
Animé par Sophie Massieu, journaliste indépendante, avec Elina Barbereau, correspondante à Ouest-France, Caroline Devos, journaliste à La Nouvelle République, Antoine Comte, journaliste en formation à l’Ecole publique de journalisme de Tours et Loris Guémart, médiateur d’Arrêt sur Images.
Les enjeux
Les correspondants locaux de presse occupent une place centrale dans les journaux régionaux : à Ouest-France par exemple, environ 70 % du journal est réalisé grâce à leur production. Considérés comme de véritables journalistes, ils sont pourtant payés entre 3 et 4 euros de l’heure et leur statut ne leur permet pas de bénéficier des protections au même titre que les journalistes salariés.
Ce qu’ils ont dit
Loris Guémart : « Les correspondants locaux de presse sont considérés comme des journalistes dans les rédactions. Ils sont payés entre trois et quatre euros de l’heure. Et ce n’est pas un salaire, c’est une sorte de rétribution. »
« Il y a des instructions très claires dans les rédactions : si on commence à exiger des sujets, à suggérer des angles, il y a un risque de requalification de la relation de travail. »
Elina Barbereau : « Nous avons réalisé une enquête, sur plus de 600 correspondants locaux de presse répondants : 51 % d’entre eux déclarent avoir besoin de ce travail pour vivre. Chez les femmes correspondantes, ce chiffre monte à 64 % » « En tant que correspondante et concernant les sujets que l’on couvre, il m’arrive d’être en concurrence avec des journalistes des journaux concurrents. A la fin, on sort à peu près la même chose. »
Antoine Comte : « Lors de mon enquête, j’ai constaté que beaucoup de correspondants vivaient de ce travail et ils ne souhaitaient pas donner leur nom de peur que cela leur porte préjudice. Il est important de se rendre compte que ce sont des gens derrière. »
Caroline Devos : « La presse quotidienne régionale cherche un modèle pour se réinventer. La pagination se réduit et se réduira peut-être encore. Les ventes s’effondrent, on ne pourra pas embaucher tous les correspondants qui font un travail de journaliste. »
À retenir
Certains correspondants locaux de presse réalisent le même travail qu’un journaliste professionnel, mais pour moins de cinq euros de l’heure, sans aucune protection sociale. Du côté des rédactions, leur travail constitue une source de contenu journalistique pour un coût peu élevé. Par ailleurs, leur statut ne leur permet pas d’être représenté dans les rédactions.