Les finalistes du concours TANDEM MEDIA AWARDS. Photo : Samia El ACHRAKI/Isic
Depuis l’inauguration de la deuxième édition des Assises de Tunis jeudi 17 mars, la liberté d’expression a été au coeur des débats, des ateliers, des panels, et même du concours Tandem Media Awards.
Nous sommes à l’Institut Français de Tunis, pas loin de la cité culturelle qui abrite les assises de journalisme. Il est 20 h 30. C’est l’heure de la remise des prix de la toute première édition du TANDEM MEDIA AWARDS, organisé par « EU Neighbours South ». Un concours de contenu médiatique dédié aux journalistes, professionnels et étudiants, mais aussi aux artistes venus du Maroc, d’Algérie, de Tunisie, de Libye, d’Egypte, de Palestine, de Jordanie, de Syrie et du Liban.
Les binômes attendent le verdict impatiemment et implorent la clémence des pendules. Malgré le brouhaha, leurs battements de cœur raisonnent dans toute la salle. Mais ils sont fiers de leurs travaux. Et le public, lui, n’est pas déçu, puisque la diversité des productions est au rendez-vous. Les participants étaient censés produire, à leur guise, un article web ou print, un reportage, une bande dessinée, une émission radio ou TV. Le support importait peu, l’essentiel est de faire valoir la culture, d’où le slogan « Speak Up Culture ».
Si les organisateurs ont donné libre cours aux tandems pour choisir le support et le genre journalistique, ils les ont par contre orientés quant aux choix du sujet. L’EU Neighbours South préférait que ce soit lié à un projet ou une initiative culturelle, financés par l’UE dans la région du voisinage sud de l’Union européenne.
Le moment tant attendu est enfin arrivé, l’animateur dévoile les heureux lauréats des trois catégories, à savoir, le binôme journalistes homme/femme ; journaliste professionnel et étudiant en journalisme ; et enfin, le duo journaliste et artiste.
Fatima-zahra Jabbour et Wael Bourchachen sont les premiers à entendre leurs noms, et à monter sur scène sous les applaudissements du public. Désignés gagnants dans la première catégorie, ils ne pouvaient que s’en réjouir. Leur capsule vidéo est décrite par la journaliste marocaine comme « un projet artistique et culturel par excellence, portant sur le théâtre de rue ». Son collègue de la même nationalité, nous en dit plus : « C’est aussi un projet à dimensions sociale et sociétale, parce qu’il met en avant le besoin du Maroc en art engagé, et la nécessité de mettre en place des facilités pour promouvoir la création, mais aussi d’en assurer le suivi ».
Les gagnants de la deuxième catégorie, quant à eux, sont palestiniens. A distance, le binôme Mohammed Hasan Al Rifai et Mohammed Al Kahlout ont exprimé leur joie par le biais d’une vidéo projetée dans la salle. De Gaza à la kasbah d’Alger, le trophée Tandem de la catégorie journaliste/artiste s’est retrouvé entre les mains de la journaliste et la créatrice de contenus algérienne Ines Taouint et son binôme l’artiste photographe Abderrezzak Abo Wail.
C’est avec beaucoup de reconnaissance et un sourire jusqu’aux oreilles qu’ils ont reçu leurs prix : « On est hyper fiers de nous et contents de voir qu’ils ont trouvé dans notre travail quelque chose qui méritait un trophée ». « Nous sommes venus d’Algérie, mon binôme Ines et moi. Notre vidéo montrait comment la culture peut changer entre la capitale et à quelques kilomètres de la kasbah d’Alger. On ne s’attendait pas à ce qu’on gagne, mais on est fier et je pense que c’est mérité. En fait, je crois que tous les participants ont fait un bon travail, on l’a vu ».
Leur projet s’inscrit lui aussi, dans un contexte social et humanitaire : « Je pense que ce qui a peut-être plu au jury, c’est la façon avec laquelle nous avons créé un contraste entre un mode de vie traditionnel dans une capitale, qu’est Alger, et ce qui se passait dans les hautes montagnes […] en mettant en exergue l’art, l’amour des jeunes pour leur patrimoine, leur patrie », comme nous l’explique l’heureuse gagnante.
Le jury a réservé une surprise à l’auditoire et aux finalistes. Ils ont exceptionnellement remis le prix « coup de cœur », décerné par le public, au grand bonheur du binôme tunisien journaliste/artiste qui l’a remporté. Il s’agit de l’artiste comédienne Nadia Tlich et la journaliste tunisienne Jezia Nouma.
Celle-ci nous fait part de son projet et nous en dit plus sur sa première collaboration avec un artiste. « Il est assez compliqué qu’un journaliste collabore avec un artiste, et vice versa […] Un projet ne peut se détacher de ses perspectives humanitaires puisqu’il s’est concentré sur un évènement soutenu par l’Union Européenne. Il s’agit du Festival International du Théâtre au Sahara. Sa première édition, organisée l’année dernière, a touché un grand nombre de public, en particulier ceux qui n’ont jamais eu l’occasion d’assister à des spectacles ou des pièces théâtrales. L’événement s’est entièrement déroulé sur le sable du désert, et c’est ce qui fait toute son unicité. Alors que le public de ces régions-là était privé de spectacles, le théâtre s’est invité chez eux ».
Chose promise, chose due. Les finalistes sont restés fidèles au thème de cette édition. Ils se sont exprimés, haut et fort, sur les spécificités de leurs diverses cultures. Outre le trophée, ils avaient tous le même objectif à l’esprit : dire l’urgence de la culture.
Samia EL ACHRAKI (Isic) Adnane BOULAHIA (Isic)