Photo : Romain Leloutre /EPJT
Retrouvez l’essentiel de l’événement « Élections présidentielles, des médias sous influence ? »
Animé par Nassira EL MOADDEM, journaliste et autrice avec ; Raphael GARRIGOS et Isabelle ROBERTS, cofondateurs du média en ligne Les jours ; Antoine GENTON, rédacteur en chef adjoint de TV5 Monde ; Alexis LEVRIER, historien de la presse.
LES ENJEUX
À chaque scrutin dont les prévisions sont démenties, une même question hante le débat public : les médias influencent-ils les élections ? Un débat qui ne date pas d’hier, conséquence directe de la défiance grandissante du public à l’encontre des journalistes. La controverse a le mérite d’interroger les limites de la liberté de la presse. Mais peut se révéler plus problématique lorsqu’elle remet en cause la capacité de jugement des électeurs et par extension, faire douter du modèle démocratique.
CE QU’ILS ONT DIT
Isabelle ROBERTS : « Quant on revient sur la grève d’I-Télé, le mécanisme est très clair. Vincent Bolloré a fait partir la quasi-totalité de la rédaction et il était déjà question d’Éric Zemmour. C’est à partir de ce moment-là que naît CNews avec, en plateau, des chroniqueurs en provenance de Valeurs actuelles ou encore Boulevard Voltaire. C’est le tapis brun qui était déroulé. »
Antoine GENTON « Ce qui est très inquiétant dans ce que font les dirigeants de Canal +, c’est qu’ils portent atteinte aux pratiques journalistiques, pour des questions d’argent, d’audience, d’où l’éviction progressive du reportage. Les débats en plateau coûtent effectivement moins cher. »
« Il faudrait revenir sur le système d’aides à la presse mais cette question est totalement absente de la campagne présidentielle. »
Raphael GARRIGOS : « CNews est devenu la maison mère d’Europe 1 depuis l’OPA de Vivendi et la moitié de la rédaction est partie. Le seul journal invité plus de deux fois depuis a été Valeurs actuelles donc on a vraiment ce phénomène d’opinion et d’influence qui se vérifie. »
À RETENIR
La dimension économique est cruciale dans la montée en puissance de l’extrême droite sur nos écrans écrans. La concentration des titres de presse, détenus par de grands groupes, tend à affaiblir la presse traditionnelle et accentue ainsi la prédominance du journalisme d’opinion. La « Bollorisation » de la presse est une émanation de cette nouvelle tendance qui déteint, de plus en plus, sur les pratiques journalistique : les débats en plateau peuvent désormais supplanter le reportage.