Animé par Aurélie Kieffer, journaliste à France Culture, avec Raphaëlle Botte, journaliste à Mon Quotidien et rédactrice en chef de Dong ! ; Malicia Mai Van Can, directrice éditoriale du pôle Planète de Milan Presse ; David Groison, directeur des titres ados de Bayard jeunesse ; Juliette Loiseau, cheffe de rubrique au Monde des Ados.
LES ENJEUX
Les médias jeunesse sont confrontés aux questions que se posent leurs lectrices et lecteurs, à leurs inquiétudes face à l’avenir mais aussi à leur désir de s’engager. S’il est incontournable pour eux de parler de la crise climatique, reste à trouver la meilleure façon de le faire en fonction de leur public. Quelle place donner au climat dans leurs pages ? Comment rendre compte de la complexité de ces questions ? Quelles pistes donner aux jeunes pour passer à l’action sans verser dans l’injonction à agir ? Autant de questions auxquelles ils tentent de répondre.
CE QU’ILS ONT DIT
Raphaëlle Botte : « Dans Dong ! on a trois doubles pages de brèves sur les infos qu’il ne fallait louper dans l’actualité environnementale des trois derniers mois. Et dans nos reportages, on parle d’écologie et des politiques environnementales. Comme on est un trimestriel, on profite de pouvoir travailler sur le temps long. »
« Avec nos ateliers dans les collèges, on se rend compte que les lecteurs qui nous écrivent ne sont pas représentatifs de tous les jeunes. On ne s’adresse pas qu’à des ados qui ont la volonté de s’engager et c’est important de le prendre en compte dans notre façon de traiter de ces sujets. »
Malicia Mai Van Can : « L’essence même de Wapiti, c’est l’environnement et toutes ses problématiques. On a pris le parti de montrer une nature résiliente, sur le temps long. Faire parler la nature, ne pas être anthropocentré. »
« Depuis deux ans, il y a beaucoup plus de lanceurs d’alerte dès 8 ans. On voit une forme de désespérance, d’extra-lucidité. Beaucoup de pourquoi et de comment auxquels on essaie de répondre en restant optimistes. »
David Groison : « Ce qui est important, c’est d’éduquer à la complexité. Et l’autre chose qui nous guide, c’est de sortir du désespoir et de montrer à la jeunesse qu’elle peut passer à l’action. Que certains le font. Comprendre la mécanique de l’action, c’est inspirant. »
« On est journaliste jeunesse, mais avant tout journaliste. On n’est pas là pour esquiver les sujets compliqués. On se met à la bonne hauteur en fonction des âges et on fait très attention de parler avec les bons mots, qu’ils puissent être absorbables. Le pire c’est de laisser les jeunes écouter les infos sans leur expliquer. Ça c’est générateur de stress et d’anxiété. »
Juliette Loiseau : « Le Monde des ados se base beaucoup sur le courrier des lecteurs et les questions sont nombreuses sur le climat. Par nos réponses, on leur apprend la complexité et l’importance de dépasser les écogestes, d’agir plus largement. Il ne faut pas prendre les jeunes pour des bébés. Cette période où la puberté est compliquée est surtout une période propice à l’engagement. En tant que presse jeunesse, il faut reconnaître leur lucidité et les aider à utiliser leur énergie pour s’engager. »
À RETENIR
Ce moment d’échange a permis de mettre en avant l’importance de la pédagogie dans le traitement de sujets complexes comme la crise climatique et l’écologie. Quelque soit le titre de presse jeunesse, l’idée de faire comprendre la complexité prime, même si les perspectives changent en fonction des publics visés. Face à des lectrices et lecteurs de plus en plus lucides quant à l’avenir de notre planète, les médias jeunesse sont confronté à de nombreuses questions. Il en ressort notamment une envie d’agir que les journalistes essaient d’accompagner au mieux. Pas question pour eux de ne pas traiter de ces questions complexes : « Les médias adultes peuvent s’inspirer de nous qui sommes irrigués par ces questions », conclut Malicia Mai Van Can.
Laure d’Almeida