Pour le dernier débat des Assises internationales du journalisme à Tunis, l’intégration des citoyens à la production d’une information a été abordée.
Les enjeux :
Les citoyens jouent un rôle majeur dans la création d’un journalisme de qualité. Pourtant, un sentiment de défiance demeure à l’égard des acteurs de la profession. Intégrer la population au sein du paysage médiatique, telle est la thématique abordée lors du débat de clôture de cette première édition des Assises internationales du journalisme à Tunis. Au micro, quatre professionnels partagent leurs différents projets visant à répondre aux attentes des citoyens.
Ce qu’ils ont dit :
Nassira El Moaddem, directrice du site Bondy Blog : « Les médias ont un rôle à jouer dans le vivre ensemble. Pour que les gens puissent se sentir exister, ils doivent se reconnaître à l’écran ou dans les pages d’un journal. Les gens dans les quartiers ont un regard de défiance envers nous mais il faut prendre le temps d’expliquer notre présence et créer un véritable lien humain avec eux. Cependant, je pense que le plus gros problème réside dans le modèle économique. »
Charlemagne Abissi, président de l’UNALFA : « Les citoyens prennent de plus en plus de place dans les rédactions. Mettre le citoyen au cœur du traitement de l’information, notamment dans le traitement politique, est essentiel. Il faut passer à l’étape supérieur, les citoyens doivent désormais participer activement au système. »
Pierre Haski, président de Reporters sans frontières et co-fondateur de Rue89 : « Contrairement à Nassira El Moaddem, je pense que la question de la confiance est primordiale. Même si les problèmes économiques sont réels et fondamentaux. La vraie révolution d’internet c’est que le journaliste a perdu le monopole de la parole. Penser que les acteurs de la profession devraient retrouver ce monopole est absurde. Pour qu’aujourd’hui nous soyons à ce point dénigrés, c’est que nous avons failli à notre mission. Le premier de nos enjeux est de savoir comment nous pouvons rétablir l’équilibre de cette confiance. »
Fethi Charouandi, directeur de l’information pour la Radio Tunisienne : « Après la révolution de 2011, nous sommes passé d’une radio de l’autorité à l’autorité de la radio. Le droit à la communication, à la participation et la liberté d’expression n’étaient pas permis avant. Afin de créer de tout nouveaux contenus, nous devions faire participer la société civile, qui est très active en Tunisie. Le principal objectif est de considérer le citoyen comme le cœur battant d’une information. »
Ce qu’il faut retenir :
Si l’arrivée d’internet a changé le visage de la profession et bousculé le rôle des journalistes, le manque de confiance des citoyens reste la principale préoccupation du métier. Invité exceptionnel de la conférence, l’écrivain Yasmina Khadra a profité de sa carte blanche pour clôturer le débat : « La presse redeviendra la force qu’elle a toujours été le jour où elle obéira à sa propre conscience« .
Thomas Desroches