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[LE RÉSUMÉ]  « Un journalisme utile, un journalisme de certification »

Tours 2018

14 Mar 2018

Journalisme utile, journalisme de certification

Retrouvez l’essentiel de la conférence « Un journalisme utile, un journalisme de certification »

Animé par Aude Carasco (La Croix), avec Robin Andraca, journaliste à la rubrique Checknews (Libération), Estelle Cognacq, directrice adjointe de la rédaction de Franceinfo chargée de la vérification et de la certification de l’information, David Dieudonné, directeur du Google News Lab en France et Grégoire Lemarchand, adjoint à la rédaction en chef en charge des réseaux sociaux à l’AFP, média partenaire de Crosscheck.

LES ENJEUX

La désinformation n’est pas nouvelle mais Internet et les réseaux sociaux ont contribué à l’augmentation et la propagation des fausses informations. Depuis, les médias se sont mis à « fact-checker ». Comment les journalistes peuvent-ils repenser la profession et leur rapport avec les citoyens ?

CE QU’ILS ONT DIT

Grégoire Lemarchand : « Le fact-checking, c’est une des réponses mais pas la seule réponse à la désinformation. D’autres choses sont à creuser. L’éducation aux médias peut être une réponse à long terme. Les médias quand ils commettent des erreurs, c’est un peu la poussière sous le tapis que l’on cache. On a tous à gagner en assumant nos erreurs. Le terme de certification pose question. Délivrer une info certifiée, c’est aussi expliquer comment on a travaillé. Travailler sur l’info, c’est un métier et ce n’est pas facile. Faire du journalisme certifie, c’est respecter un nombre de procédures et les faire connaître. La désinformation doit nous amener à réfléchir, doit nous amener à une remise en cause profonde. »

Estelle Cognacq : « Je crois plus à une prise de conscience collective de tous les pouvoirs, que ce soit publics ou journalistiques, pour renouer le dialogue avec les citoyens. Derrière les fake news, il y a un peu tout. Il y a un gros travail à faire sur l’éducation à l’information chez les jeunes. Je crois plus à cela qu’à une loi. À Franceinfo, nous tenons à des informations vérifiées à chaque fois qu’un événement survient. Nous acceptons de perdre 10 minutes, 2 heures, voire une demi-journée pour vérifier. Il y a beaucoup de fantasme sur le métier de journaliste et surtout une méconnaissance. On les accuse d’être dans une tour d’ivoire. Il faut qu’on explique ce qu’est notre métier et toute la rigueur qu’il demande. »

Robin Andraca : « Les lecteurs ne sont pas tous copains avec les journalistes. À Cheknews, on a décidé de répondre à leurs questions. Au final, on constate qu’il y a peu de questions politiques et énormément sur la façon dont on travaille. Toutes les questions posées ne sont pas intéressantes, nous faisons une sélection. L’avantage, c’est que ces questions sont toujours légitimes. On sait que ça intéressera toujours un lecteur ».

David Dieudonné : « Sur la responsabilité des plateformes, comment faire en sorte que les outils prennent le mieux possible en compte cette problématique ? Pour perfectionner le système de référencement, il faut un algorithme qui prenne en compte la qualité journalistique. D’autres projets collaboratifs sont mis en place, comme le Trust Project qui repère des dizaines de signaux qui font la qualité d’un papier pour qu’ensuite les algorithmes le détectent. »

À RETENIR

L’éducation aux médias est un élément essentiel pour lutter contre la désinformation aujourd’hui. Pour comprendre l’information, il faut aussi comprendre le métier du journaliste. Parfois fantasmé, il repose avant tout sur la rigueur. À l’heure où la désinformation pollue l’actualité, pour bien « fact-checker », la solution semble être le travail collectif : regrouper des médias, échanger avec les plateformes, écouter les lecteurs…
Au-delà de ces moyens mis en place, l’éducation aux médias est un élément essentiel pour lutter contre la désinformation aujourd’hui. 

 

Lorenza Pensa