Ces créateurs de médias donnent leurs conseils au public. Photo : Malvina Raud
Retrouvez l’essentiel de la conférence « Ils choisissent de créer leurs médias »
Animé par Jean-Louis Rioual, délégué général du Club de la Presse de Lyon, avec Guillaume Benech, président directeur général de L’Petit Mardi, Alice Bodineau, co-fondatrice de Kaïa, Noémie Churlet, directrice de publication de Média’Pi !, Julie Hamaïde, fondatrice et rédactrice en chef du magazine Koï, Léandre Leber, fondatrice de GazetteSports et Stanislas Signoud, fondateur de l’appli Les Croissants.
LES ENJEUX
Chaque année, ils sont des dizaines à se lancer dans la création de leur média. Qu’ils fassent le pari du papier, du web ou de la radio, ces journalistes se transforment en entrepreneurs pour faire vivre leur média. Les difficultés sont nombreuses : recherche de financement, pérennisation de l’activité, faire connaitre son média… Le chemin est semé d’embûches, avec à la fin, une belle récompense : voir son média grandir. Lors de cette conférence, les créateurs de médias présents ont pu partager leur expérience et donner leurs conseils au public.
CE QU’ILS ONT DIT
Guillaume Benech : « Si on avait voulu être riche, on serait allé sur internet. On a fait le choix du papier, car on voulait un magazine agréable à lire, sans beaucoup de pub. Quand on prend des magazines avec une pub à toutes les pages, on a plus l’impression d’être un produit qu’un lecteur. Nous, on voulait proposer plus de vrais contenus aux gens. Le format papier avait aussi la possibilité de donner plus de visibilité à notre média. »
Alice Bodineau : « Notre public est à construire, il s’affirme au fur et à mesure des numéros. L’idée de Kaïa, c’est que des gens qui n’ont pas l’habitude de lire des articles longs sur Internet puissent les retrouver sur papier. On donne une nouvelle vie à ces articles. Dans les six premiers numéros, on a demandé aux contributeurs de choisir les articles qu’ils voulaient voir dans Kaïa. Pour les prochains numéros, on va faire ce choix nous-mêmes parce qu’on s’est rendu qu’il fallait diversifier les articles. »
Noémie Churlet : « J’ai voulu créer ce magazine d’art pour montrer l’art sourd et la culture sourde pour que les gens nous regardent autrement. Parmi les gens sourds, 60% nous disent qu’ils n’ont pas accès à l’information dans leur langue. Ce qui est intéressant sur internet, c’est qu’on peut mettre de la langue des signes ou de la traduction en langues des signes. Pour l’instant, il n’y a pas de son sur le site, l’accessibilité est surtout visuelle. »
Julie Hamaïde : « Si vous vous lancez dans un média, il faut savoir qu’il y a un côté économique hyper lourd. C’est bien d’être journaliste quand on lance un média, mais il y a aussi un aspect commercial. La campagne de crowdfunding, c’est quelque chose d’épuisant, on passe son temps à harceler ses amis, sa famille pour qu’ils mettent de l’argent. Il faut apprendre à préparer des pitchs pour les annonceurs, il faut apprendre à se vendre, à faire croire qu’on est un super magazine qui marche. »
Léandre Keber : « Dans notre magazine, il n’y a que des photos. Le lecteur va scanner la photo et accéder aux textes en ligne. Dans un mois, quand il « rescannera » le papier, il retrouvera la dernière actualité de l’équipe sur la photo. Le texte est en réalité augmentée, ce qui fait qu’on rend le papier non obsolète. »
Stanislas Signoud : « Toutes les personnes qui travaillent avec moi sont journalistes. Moi, je suis ingénieur informatique. J’ai voulu me lancer là-dedans car je suis passionné de radio depuis longtemps. Je ne touche pas à l’éditorial, je laisse ça aux professionnels. On peut lancer un média sans être journaliste, c’est important de le rappeler. On peut mettre la main à la pâte sans écrire. »
À RETENIR
Créer son média est compliqué, surtout sur le plan économique. Passé du métier de journaliste à celui d’entrepreneur demande des compétences supplémentaires. Les créateurs de médias présents aujourd’hui ont encore du mal à se verser un salaire. Malgré les difficultés, la passion et l’envie de faire vivre leur média les poussent à continuer.
Anastasia Marcellin