La construction de la seconde ligne de tram continue d’animer les conversations à Tours. Voté en 2018 par le dernier conseil métropolitain, le projet retenu prévoit de relier La Riche à Chambray-lès-Tours en passant par le Boulevard Béranger au centre-ville. Cependant, la mise en œuvre du projet se heurte à des obstacles.
Le projet retenu pour la ligne B du tram. Illustration : France 3 Centre-Val-de-Loire
Premier problème, la présence de nombreux platanes tout au long du Boulevard Béranger à Tours. Les racines de ces arbres seraient, selon des experts, impactées. Le passage du tramway entraînerait la coupe de 35 platanes présents depuis le XVIIème siècle. Une perspective qui ne correspond pas à la politique du maire écologiste tourangeau Emmanuel Denis. « Je ne laisserai pas le tramway défigurer ma ville », a déclaré l’édile lors d’un conseil municipal en début d’année.
Une prise de position qui ne réjouit pas Vincent Degeorges, président de l’Association pour le développement des transports collectifs en Touraine (ADTT). Son organisation défend l’idée qu’un second tramway réduirait les émissions de gaz à effet de serre. « L’impact écologique est incomparable. Un tramway vaut environ trois bus. […] Et Il y a 600 bus qui passent par le boulevard chaque jour. »
Le président de l’ADTT souligne également le danger que pourraient représenter les arbres : « ils risquent de tomber en raison de leur taille et de leur vieillesse. Au bout d’un moment, il faut les renouveler. » L’ADDT propose tout de même une solution pour réduire l’impact qu’auraient les voies de tram sur les platanes. L’idée serait de les faire passer du coté sud du Boulevard Béranger plutôt qu’au nord comme prévu initialement. Le coté sud étant un peu plus large, cela empêcherait certaines racines d’être touchées.
À L’EST, RIEN DE NOUVEAU
Autre problème, le tracé de la ligne de tramway ne fait pas l’unanimité. Le collectif citoyen pour un tram à l’Est déplore que le trajet ne passe par Saint-Pierre-des-Corps. Une aberration pour son porte-parole Arnaud Delépine : « Le plus grand centre commercial de la région est à Saint-Pierre-des-Corps. La gare où il y a le plus de voyageurs aussi. » Au-delà de l’attrait économique, ce trajet alternatif desservirait le quartier prioritaire de la Rabâterie. « Cela pourrait redessiner la ville, redonner de la mixité et de la mobilité. Au niveau social, ce serait incroyable. »
Le tracé proposé par le Collectif citoyen pour un tram à l’est. (Facebook)
Aujourd’hui, le projet est évalué à 500 millions d’euros. Une modification du tracé initial pourrait engendrer des coûts supplémentaires. Sans compter qu’une telle décision relancerait les débats entre collectivités de bords politiques différents, chacune cherchant à protéger les intérêts de son territoire.
Par Lucas Boisard, Antoine Comte, Laure d’Almeida
Ce travail est le fruit d’un partenariat entre le projet Go On ! porté par la mission locale de Tours et des étudiants de l’École publique de journalisme de Tours (EPJT), qui pilotent le site d’information participatif Détours.
Le projet Go On ! a pour but de repérer les publics dits « invisibles » et de mener des actions de mobilisation. Pendant quatre jours, six étudiants ont accompagné trois jeunes dans la réalisation d’une production éditoriale sur le sujet et le support de leur choix. À la fin de l’atelier, un article écrit et une vidéo ont été diffusés.
Go On ! est financé par la Direccte Centre, dans le cadre du Plan d’Investissement Compétences (PIC). L’EPJT est membre du consortium qui porte le projet.