Dans un tweet publié sur le réseau social X (anciennement Twitter), l’antenne bordelaise de la Cocarde étudiante affirmait, le 4 février dernier, que « 30 à 45% des logements Crous sont occupés par des étrangers ».
À la date du 11 mars 2024, cette publication a été vue près de 5 100 fois et retweetée et likée par respectivement 47 et 154 comptes. Ces propos ont également été tenus par la tête de liste de la Cocarde étudiante bordelaise lors d’un débat organisé, le 30 janvier dernier, dans le cadre des élections des représentants étudiants au conseil d’administration du Crous de Bordeaux-Aquitaine : « Aujourd’hui on a 30 à 45% des logements Crous qui sont attribués aux étudiants étrangers ». Contactée par notre rédaction, la Cocarde étudiante de Bordeaux n’a pas répondu à nos sollicitations concernant la véracité de leurs propos.
Ces diverses déclarations font suite à la signature d’une convention entre le Centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous) de Bordeaux-Aquitaine et le Service de Gestion des Étudiants Sénégalais à l’étranger. Cette dernière va permettre de réserver des logements Crous pour les étudiants sénégalais bénéficiaires d’une allocation d’études gouvernementale. Une initiative dont s’est félicité le Crous de Bordeaux-Aquitaine sur le réseau social X en janvier dernier.
Cette nouvelle a entraîné une vive polémique nourrie par l’extrême-droite qui dénonce « une préférence étrangère » par le Crous de Bordeaux-Aquitaine. Ces termes, déjà utilisés auparavant par l’extrême droite comme en 2018 par Marine Le Pen concernant la politique menée par Emmanuel Macron, ont été repris dans le programme de la Cocarde étudiante bordelaise. En effet, du 6 au 8 février 2024, avaient lieu, dans toute la France, les élections 2024 des représentants étudiants aux conseils d’administration des Crous.
Des élections qui se sont d’ailleurs inscrites dans un calendrier bien singulier. Quelques jours auparavant, était encore débattue au Parlement la loi immigration, avec au cœur des débats la préférence nationale. « Emmanuel Macron, élu et réélu grâce au “barrage républicain”, a baissé le pont-levis de la République pour y laisser entrer la préférence nationale », tançait le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure dans une tribune publiée sur le site du Huffington Post, le 4 janvier 2024. « Écoutez c’est totalement faux, il n’y a aucune préférence nationale inscrite dans ce texte », affirmait à l’inverse le député Renaissance Mathieu Lefèvre sur BFMTV le 19 décembre dernier. C’est dans ce contexte que la Cocarde étudiante a revendiqué, le 30 janvier dernier, au micro de Radio Campus Bordeaux « la préférence nationale ». Une déclaration faite lors du débat organisé entre différentes têtes de listes se présentant aux élections des représentants étudiants au conseil d’administration du Crous de Bordeaux-Aquitaine.
Lors de cette même émission, le représentant de la Cocarde étudiante assurait également que 30 à 45% des logements Crous sont attribués aux étudiants étrangers. « Ce ne sont pas des chiffres que j’invente, ce sont des chiffres qui viennent du rapport d’activité du Cnous, le rapport d’activité 2022 précisément », avançait-il. Enfin, il ajoute : « Ce sont des chiffres qui sont un peu inquiétants ».
Cependant, le rapport d’activité du Cnous de 2022 fait état d’autres chiffres concernant les places occupées par les étudiants internationaux dans les logements Crous : « 30 % en moyenne de leurs logements sont attribués aux étudiants internationaux (jusqu’à 45 % pour certains Crous). » Les déclarations de la Cocarde étudiante de Bordeaux sont donc fausses. La moyenne des logements Crous attribués aux étudiants étrangers ne se situe donc pas entre 30 et 45% mais est de 30%. Contacté par notre rédaction, le service presse du Cnous n’a pu nous donner le détail de ces chiffres.
Les places attribuées aux étudiants internationaux varient selon les universités et selon les saisons. D’après l’agence nationale Campus France, la France a accueilli un nombre record d’étudiants internationaux, durant l’année universitaire 2021-2022, avec près de 400 000 personnes. Parmi eux, 2 000 étaient des étudiants ukrainiens exilés, dont 733 ont été hébergés en résidence Crous.