
AGNÈS BUZYN
« Le nombre des médecins formés a doublé entre les années 1990 et maintenant »

Dans la matinale d’Europe 1, vendredi 12 janvier 2018, la ministre des Solidarités et de la Santé a expliqué que la proportion de médecins formés n’impactait pas le développement des déserts médicaux. Selon elle, au contraire, le nombre de médecins formés a doublé depuis les années 1990. Une déclaration vraie de la part d’Agnès Buzyn.
LE CONTEXTE
Le 9 janvier dernier dans le Figaro, le député LREM Olivier Veran fustigeait le numerus clausus (le terme désigne un dispositif qui fixe la proportion d’étudiants en première année de médecine ou de pharmacie autorisés à continuer leurs études), qui, selon lui, ne servirait qu’à empêcher les jeunes français de faire médecine dans l’Hexagone. Interrogée sur la question dans la matinale d’Europe 1, vendredi 12 janvier, la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn a répliqué que le lien entre le nombre de médecins formés et les déserts médicaux n’a pas lieu d’être. « Le nombre de médecins a doublé entre les années 1990 et maintenant », a-t-elle justifié.
L’EXPLICATION
Le numerus clausus a été mis en place en 1971 par l’État pour réguler le nombre de médecins formés. Il comptabilise la proportion d’étudiants de médecine autorisés à continuer leurs études au terme de la PACES (première année commune des études de santé).
Contacté par FactoScope, le cabinet de la ministre a précisé qu’Agnès Buzyn faisait référence à l’évolution du numerus clausus depuis les années 1990 pour justifier la hausse des médecins formés.
En 1990, d’après un rapport de l’ONDPS (Observatoire National de la Démographie des Professions de Santé), publié en 2015, le numerus clausus des étudiants en médecine s’élevait à 4 000.
Source : Les évolutions du numerus clausus et des quotas pour les professionnels de santé – DREES
En 2018, selon les arrêtés du 27 décembre 2017, le nombre d’étudiants autorisés à « poursuivre leurs études en médecine » est fixé à 8 205.
La longueur des études est telle que la modification du numerus clausus « ne commence à produire ses effets sur l’effectif des médecins que dix ans plus tard », précisait l’étude de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) titrée « Les médecins d’ici à 2040 : une population plus jeune, plus féminisée et plus souvent salariée » et datant de mai 2017. À titre d’exemple, la baisse du numerus clausus en 1993 à 3500 ne pèse qu’aujourd’hui sur la démographie médicale.
La réforme du numerus clausus était une promesse du candidat Macron à l’élection présidentielle. « Le numerus clausus actuel est injuste et inefficace, nous formerons davantage de praticiens », peut-on lire dans le programme d’En marche.
Si Emmanuel Macron n’a pas mis fin à ce système, son gouvernement a augmenté le numerus clausus dans toutes les filières sauf dans celle de maïeutique (études de sage-femme), qui a perdu neuf places depuis l’année dernière.
Agnès Buzyn a donc raison lorsqu’elle explique que « le nombre des médecins formés a doublé entre les années 1990 et maintenant ».
Virginie Ziliani
Les sources à consulter
- L’étude de la Drees « Les évolutions du numerus clausus et des quotas pour les professionnels de santé »
- Les statistiques de la Drees « Série longue : les médecins de 1999 à 2011 » et « Série longue : les médecins de 2012 à 2017 »
- Legifrance : Les arrêtés du 27 décembre 2017 concernant le numerus clausus 2018 en médecine, en odontologie, en pharmacie et pour les études de sage-femme