Il y a 1,3 million de jeunes en France qui sont sans formation et sans emploi

5 Fév 2018

 

MURIEL PÉNICAUD

« Il y a 1,3 million de jeunes en France qui sont sans formation et sans emploi »

Muriel Pénicaud a affirmé sur Europe 1 que, en France, 1,3 million de jeunes sont sans formation et sans emploi. Ce qui est imprécis. La ministre du Travail à mal interprété les chiffres du rapport sur lequel elle s’appuie.

Le contexte

Muriel Pénicaud était l’invitée du « Grand rendez-vous » sur Europe 1, dimanche 7 janvier 2018. La ministre du Travail a été amenée à développer les réformes du gouvernement pour l’emploi, et notamment son plan d’investissement public de 57 milliards d’euros prévu sur cinq ans. Interrogée sur le contenu des 15 milliards d’euros consacrés à la formation professionnelle, l’ancienne DRH du groupe Danone a affirmé « qu’il y a 1,3 million de jeunes en France qui sont sans formation et sans emploi, et c’est dramatique pour eux. C’est un gâchis humain, économique et social. C’est une perte pour le pays. »

L’explication

Lorsqu’elle évoque ces 1,3 millions de jeunes français « sans formation et sans emploi », Muriel Pénicaud semble faire référence, bien qu’elle ne cite pas le terme, aux NEET (Neither in employment, education or training). C’est-à-dire, en français, des personnes de 15 à 24 ans qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation. Utilisé pour la première fois dans un rapport du gouvernement britannique en 1999, le taux de NEET est devenu un indicateur officiel pour la Commission européenne en 2010. Un rapport récent de cette dernière, dévoilé en juillet 2017, annonce d’ailleurs une baisse d’un million de ces NEET à l’échelle européenne depuis 2013.

La France en compterait donc 1,3 million selon Muriel Pénicaud. Pour avancer ce chiffre, la ministre du Travail s’appuie sur une étude de l’économiste Jean Pisani-Ferry, coordinateur du programme présidentiel d’Emmanuel Macron pendant sa campagne. Ce rapport a été remis le 25 septembre 2017 au Premier ministre Édouard Philippe. Intitulé « Le grand plan d’investissement 2018-2022 », il explique, à la page 40, qu’en France, « en 2017, 1,3 millions de personnes de plus de 26 ans sans diplôme cherchaient un emploi et plus d’un million de jeunes de moins de 26 ans n’étaient ni scolarisés, ni en formation, ni en emploi ».

À la lecture de ce rapport, les propos de la ministre du Travail semblent imprécis, apparaissant comme étant un mélange des deux phrases citées précédemment : « En 2017, 1,3 millions de […] jeunes de moins de 26 ans n’étaient ni scolarisés, ni en formation, ni en emploi. ». Or, ces deux phrases sont présentées comme étant deux informations différentes de l’étude. Contacté par FactoScope pour obtenir des précisions, le ministère du Travail n’a pas répondu à notre sollicitation.

Notons que le nombre de NEET en France est en baisse. Pour l’année 2015, la Dares, l’étude de statistiques du ministère du Travail, estimait qu’il y avait 1,7 millions de jeunes ni en emploi, ni étudiants, ni en formation en France. Une donnée proche de l’étude de l’OCDE, qui parlait de 1,8 millions de jeunes dans l’Hexagone pour cette même année. Il n’existe donc pas de chiffres fiables pour l’année 2017. Les propos de Muriel Pénicaud sont donc bien imprécis.

Les sources à consulter

Comment sont accompagnés les NEET ?

David Boussereau, responsable de la Garantie jeunes à la Mission locale de Tours. ©Alexandre Mazel

A Tours (Indre-et-Loire), ils sont 371 jeunes, sans emploi ni formation, à profiter d’un dispositif d’aide de la Mission locale, la Garantie jeunes. Un contrat « d’engagement réciproque », signé pour une durée d’un an. Il commence par une période en collectif sur cinq semaines, particularité de ce programme.

Date : 25 janvier 2018.

Lieu : Mission locale de Tours.

Interlocuteurs :

  • David Boussereau, responsable de la garantie jeunes à la Mission Locale de Tours.
  • Jérémy Guillemin, 20 ans, bénéficiaire du dispositif Garantie Jeunes.

« On accompagne les jeunes dans leurs démarches de réinsertion, explique David Boussereau, responsable du dispositif à Tours. Comment rechercher un emploi, simuler un entretien, faire des tests de compétences pour tenter de trouver le métier le plus approprié… » Objectif : que le jeune acquière une autonomie professionnelle et sociale, qu’il soit en situation professionnelle le plus tôt possible.

Jérémy Guillemin, 20 ans, fait partie de ces Neet. En échec scolaire après avoir raté son bac pro électricité, le Tourangeau, qui ne souhaitait pas poursuivre ses études, s’est retrouvé sans solutions. Jusqu’à ce qu’un ami lui parle de la Garantie jeunes. « J’ai repris confiance en moi. Se battre et essayer d’aller voir les patrons seul c’est pas évident. » En septembre 2018, il préparera un brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (BPJEPS). En quelques semaines, l’avenir du Tourangeau s’est éclairci. « Ce dispositif, je le trouve très efficace, affirme Jérémi. Le collectif est un vrai plus. Il te stimule et te porte vers le haut. Sans eux, je ne pense pas que j’aurais réussi à faire toutes ces démarches. »

Jérémy Guillemin, 20 ans, a trouvé une formation grâce à la Garantie jeunes. ©Alexandre Mazel

Responsable de la Garantie jeunes à la Mission Locale de Tours, David Boussereau salue l’efficacité du dispositif :

Alexandre Mazel

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