Par Étiennette de La Ruffie
L’autrice Lucie Taieb présentait mercredi 12 février, son roman Les Échappées au public de la Boîte à Livres de Tours.
Une vingtaine de chaises, quelques théières disposées dans une étagère, un air de piano : cette atmosphère chaleureuse ressemble bien à celle d’un salon de thé, mais pas n’importe lequel, en témoignent les nombreux livres soigneusement exposés de tous côtés.
C’est à L’Escale, à l’étage de la librairie tourangelle La Boîte à Livres, qu’a eu lieu ce mercredi 12 février la rencontre littéraire avec Lucie Taïeb, autrice du livre Les Échappées. Dans ce roman paru aux éditions de l’Ogre en septembre dernier, l’écrivaine germanophone tisse deux trames narratives. Elle raconte d’abord l’histoire d’Oskar et de sa sœur, qui habitent avec leurs parents au bord d’une voie de chemin de fer désaffectée. Le jeune garçon est hanté par une scène de meurtre. Un été, Oskar s’éprend de Corinne. Parallèlement à ce récit, l’autrice décrit une société entièrement vouée au travail. Seule Stern, héroïne placide, ose la défier à la radio, en diffusant le souvenir d’un temps où le travail n’était pas une valeur, où la productivité économique n’était pas portée à l’excès.
Devant un public intergénérationnel mais majoritairement féminin, l’écrivaine a dévoilé les coulisses de l’écriture des Échappées : « Je ne travaille pas parce que j’ai vu quelque chose, mais parce qu’une langue se met
en place : au bout de plusieurs paragraphes, quelque chose commence à se cristalliser. Je ne suis pas là pour combler une attente ». Comme toute romancière, elle a dû modifier son univers fictionnel au cours de sa création : « Au début, il y avait trois trames narratives ; lorsque j’en ai enlevé une, j’ai dû faire quelques réajustements au niveau de la structure ».
Un roman plein d’espoir
Le roman s’avère d’une étonnante actualité : l’univers y est menaçant, fatiguant, oppressant, à cause de la lourde obligation de travailler qui pèse sur les personnages. « Plusieurs éléments font écho à des événements récents, notamment les attentats de 2015 et les manifestations des retraités », explique l’autrice qui affirme toutefois « ne pas travaill[er] de manière explicite avec le présent, mais uniquement l’intérioriser ». Pour autant, ce roman est plein d’espoir : les personnages ne sont pas coincés par leurs caractères et ont des ressources de transformation. En deux mots, l’histoire des Échappées se caractérise par sa mouvance perpétuelle.
Dédicaces, échanges et lecture à voix haute étaient aussi au rendez-vous. L’auditoire était conquis par cette écrivaine singulière, attachée à interroger le présent sous des formes poétiques variées.