Je suis convoqué le 7 février [2018] au tribunal, car j’ai fait un tweet lors la présidentielle dénonçant un changement de population. Un élu de la République qui s’exprime sur des chiffres est traduit en justice…

14 Mar 2018

 

NICOLAS DUPONT-AIGNAN

« Je suis convoqué le 7 février [2018] au tribunal, car j’ai fait un tweet lors la présidentielle dénonçant un changement de population. Un élu de la République qui s’exprime sur des chiffres est traduit en justice… »

« Le changement de population c’est maintenant. » C’est à la suite de ce tweet sur «  l’invasion migratoire », publié pendant la campagne présidentielle, que Nicolas Dupont-Aignan aurait été convoqué au tribunal le 7 février 2018. A la suite d’une demande de vérification d’un internaute sur Twitter, FactoScope a fact-checké les propos du président de Debout la France… et c’est vrai.

LE CONTEXTE

Nicolas Dupont-Aignan a joué la carte de la transparence lors du « Grand rendez-vous » d’Europe 1, des Échos et de Cnews, le dimanche 4 février 2018 : « Je peux vous raconter une anecdote ? Je suis convoqué le 7 février [2018] devant le tribunal de Paris. C’est la première fois que ça m’arrive, par le Parquet. J’ai reçu un papier, j’ai eu un choc, je n’ai jamais vu ça. » Le président de Debout La France explique qu’il est convoqué pour avoir publié un tweet durant la campagne présidentielle, au lendemain de la publication des statistiques migratoires de 2016 par l’Insee : « J’ai écrit qu’il y avait un changement de population parce que pour la première fois, en 2016, le solde naturel était inférieur au flux migratoire, c’est-à-dire que les naissances des Français par rapport aux décès étaient inférieures. » Traduit devant le tribunal pour incitation à la haine raciale, Nicolas Dupont-Aignan estime avoir tout simplement relayé des « faits » et ne digère toujours pas sa convocation. « Qu’est-ce que j’ai fait ? Vous vous rendez compte ? Un élu de la République, qui s’exprime sur des statistiques migratoires et qui ne fait que dire la vérité est traduit en justice. Je serai bien sûr, je l’espère, blanchi, mais cela veut dire que l’on est en train de réinventer le délit d’opinion. C’est grave. »

L’EXPLICATION

Nicolas Dupont-Aignan fait bien l’objet d’une plainte concernant son tweet polémique sur le « changement de population » lié à « l’invasion migratoire ». Ses propos tenus lors du « Grand rendez-vous » ont été confirmés à FactoScope par des sources judiciaires : « Il s’agit d’une plainte avec constitution de partie civile qui a été déposée pour provocation à la haine ou à la discrimination raciale à raison de propos qui ont été tenus sur le compte twitter de Nicolas Dupont-Aignan, le 17 janvier 2017. Il y a une citation à l’audience du 7 février, mais l’examen et le fond de l’affaire seront évoqués en réalité au cours d’une prochaine audience, le 4 avril 2018. »

Contacté par FactoScope pour plus de précisions sur l’affaire, Damien Lempereur, porte-parole du parti Debout la France, affirme qu’un signalement de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) est à l’origine de cette convocation.

La Licra confirme et précise avoir fait ce signalement, car les propos de Nicolas Dupont-Aignan sont, selon elle, contraires à l’article 24, alinéa 7 de la loi de 1881. La Licra tient également à rappeler que « si le signalement est reçu par les autorités, elles restent seules décisionnaires d’engager, ou non, des poursuites». La ligue sera présente à l’audience du 4 avril 2018 en tant que partie civile.

Nicolas Dupont-Aignan a donc raison : il a bien été convoqué le 7 février 2018 après la publication d’un tweet au lendemain de la révélation des statistiques migratoires de 2016. Il est poursuivi pour incitation à la haine raciale.

Laure Le Fur
Alexandre Mazel

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