En France, on utilise des grenades qui n’existent nulle part ailleurs en Europe

1 Fév 2019

 

CLÉMENTINE AUTAIN

« En France, on utilise des grenades qui n’existent nulle part ailleurs en Europe »

Clémentine Autain, députée de la 11e circonscription de Saine-Saint-Denis, affirme que la police française utilise des grenades qui n’existent nulle part ailleurs en Europe. Des propos exacts si on en croit les comparatifs réalisés avec les autres pays du continent. 

LE CONTEXTE

À la veille de la onzième mobilisation des « gilets jaunes », les méthodes employées par les forces de l’ordre continuent d’alarmer les manifestants et certains acteurs politiques. Invitée sur le plateau de l’émission Les 4 vérités sur France 2, le 21 janvier 2019, Clémentine Autain, députée de la France Insoumise, a affirmé : « En France, on utilise des grenades qui n’existent nulle part ailleurs en Europe ». Des armes que la responsable politique qualifie de « particulièrement dangereuses ».

 

L’EXPLICATION

Au sein de la police européenne, la France fait figure d’exception. Si les forces de l’ordre des autres États utilisent en grande partie des bombes lacrymogènes, l’Hexagone est, comme le souligne Clémentine Autain, le seul pays à recourir aux grenades explosives, appelées GLI-F4. Composées de C.S, un agent incapacitant chimique présent également dans les bombes lacrymogènes, ces armes possèdent une charge explosive de 25 grammes de tolite (TNT). Le volume sonore de leurs détonations est de 165 décibels sur une distance de cinq mètres, selon le fabriquant français Alsetex. C’est plus qu’un avion au décollage.

En juin 2018, suite aux affrontements dans la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, Libération annonçait que l’État cessait les commandes de grenades à la société de fabrication. Mais leurs récentes utilisations, lors des manifestations « gilets jaunes », prouvent que les forces de l’ordre continuent de puiser dans le stock restant. Un autre modèle, appelé GM2L, devrait remplacer ces projectiles controversées. Une nouvelle alternative qui ne contient plus d’explosifs.

La France, chargée à bloc

Dans un comparatif réalisé en novembre 2017, l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) indiquait que la police française était la plus armée d’Europe. Pas moins de dix-sept types d’armes sont utilisées par les services de l’ordre du pays. L’Allemagne n’en utilise que trois (canon à eau, bâtons de défense et gaz lacrymogène) et le Royaume-Uni, seulement une (bâtons de défense).

Capture d’écran de l’association Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT).

 

Autres armes contestées : les lanceurs de balle de défense (LBD). Ces derniers remplacent les flashballs et demeurent interdits dans les pays du Nord de l’Europe. Interrogée par Europe 1, la société de fabrication suisse, Brügger & Thomet (B&T),  indique que les autorités françaises se procurent les munitions les plus puissantes. La raison ? Elles seraient « bon marché ».

Une prise de conscience

Lors de son audition devant la commission des lois à l’Assemblée nationale, le 22 janvier 2019, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a annoncé que les forces de l’ordre qui utilisent ces LBD seront équipés de caméras-piétons. Selon lui, quatre personnes ont été gravement touchés à l’œil par ces projectiles depuis le début des manifestations. Le collectif militant « Désarmons-les » conteste ce chiffre et dresse un tableau plus alarmant : dix-sept personnes auraient perdu un œil suite à un LBD.

Thomas Desroches

Les sources à consulter

  • ACATfrance.fr : Maintien de l’ordre – Armes en dotation dans les polices européennes
  • Alsetex.fr : Fiche descriptive de la grenade lacrymogène GLI-F4