[En Corse], il y a un échec scolaire plus important que sur le continent

18 Fév 2018

 

FLORIAN PHILIPPOT

« [En Corse], il y a un échec scolaire plus important que sur le continent »

Le 10 décembre 2017, la liste autonomiste et indépendantiste corse « Pè a Corsica » est arrivée en tête des élections territoriales sur l’île de beauté avec 56,6 % des voix. Sur Youtube, Florian Philippot a expliqué que les électeurs ont fait ce choix, car ils se sentent « délaissés » par la France. Parmi les raisons invoquées par le président des Patriotes : l’important échec scolaire de l’île par rapport au continent. C’est vrai.

LE CONTEXTE

Florian Philippot, président du mouvement Les Patriotes,  a créé sa chaîne Youtube le 10 janvier 2017 et compte un peu moins de 17 000 abonnés. Parmi ces rendez-vous récurrents, on retrouve la série de vidéo « Parlons-en ». Le but ? Aborder des sujets d’actualité politique, le tout de « façon décontractée ». Dans le treizième numéro de « Parlons-en », publié le 11 février 2018, Florian Philippot a notamment décidé de s’exprimer sur la situation de la Corse. À ce sujet, il a expliqué que si les électeurs corses ont voté pour des listes nationalistes et autonomistes, c’est parce qu’il y a « un manque de France » : « Ils se sentent délaissés et abandonnés par une France qui fait les yeux doux chaque jour à Bruxelles et à Berlin, mais qui oublie ses propres territoires. Les Corses voudraient que l’on s’occupe de quoi ? Déjà qu’on s’occupe de trouver du boulot, là-bas, sur l’île, il y a énormément de chômage. Qu’on s’occupe de la pauvreté, il y a un taux de pauvreté qui est énorme, je crois à 20 %. Qu’on s’occupe de la formation, il y a un échec scolaire plus important que sur le continent et ça n’est pas normal ».

L’EXPLICATION

En France, il n’y a pas de statistiques claires sur l’échec scolaire. Les études se concentrent davantage sur le décrochage. En septembre 2016, la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) a tout de même publié un « Atlas des risques sociaux d’échec scolaire ». L’étude adopte une approche territoriale, par canton ou académie. La DEPP analyse dans un premier temps « les facteurs susceptibles d’accroître la difficulté scolaire ». Les auteurs identifient sept zones plus ou moins à risques. Les territoires à risques d’échec scolaire élevés se caractérisent par un « cumul de fragilités économique, familiale et culturelle en milieu urbain » (en rouge sur la carte) ou par une « précarité économique dans les petites et moyennes communes » (en orange clair). La Corse, le nord-est et le sud-est de la France sont les territoires les plus touchés.

Les zones en rouge et en orange clair sont celles où le risque d’échec scolaire est le plus élevé (source : DEPP)

Ce même rapport de la Depp va encore plus loin grâce à un indicateur du décrochage scolaire qui « mesure la part des non-diplômés parmi les jeunes de 15 à 24 ans qui ne sont plus scolarisés pour l’année en cours, qu’ils soient ou non en emploi. » Les données utilisées sont celles du recensement de la population en 2011. La Corse est l’académie où il y a le plus de non-diplômés, soit 32,4 % contre 25,4 % pour la France métropolitaine. C’est aussi l’académie où le taux de scolarisation est le plus faible avec 57,9 % contre 64,9 % pour la France métropolitaine.

Concernant le taux de chômage sur l’île de beauté, Florian Philippot a une nouvelle fois raison. Le 3 janvier 2018, l’Insee a publié sur son site une comparaison régionale et départementale du taux de chômage au troisième trimestre 2017. Seules quatre régions ont un taux de chômage supérieur à 10 % : les Hauts-de-France, l’Occitanie, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et… la Corse. Au troisième trimestre 2017, l’île était la quatrième région avec le taux de chômage le plus important, soit 10,2 %.

Dernier point : le taux de pauvreté. En novembre 2017, l’Insee a réactualisé son panorama très complet d’indicateurs économiques et démographiques sur la Corse. En 2014, le taux de pauvreté de l’île atteignait les 20,3 %. La Corse est la région de France où ce taux de pauvreté est le plus fort.

Pour conclure, Florian Philippot a raison de dire que la Corse est l’un des territoires de France où il y a le plus de risques en terme d’échec scolaire. Il s’agit aussi de l’académie où l’indicateur de décrochage scolaire est le plus élevé. Enfin, l’île a l’un des taux de chômage les plus importants du pays. Quant à son taux de pauvreté, il avoisine effectivement les 20 %.

Laure Le Fur

Les sources à consulter

  • Depp, « Atlas des risques sociaux d’échec scolaire : l’exemple du décrochage »

  • Insee, « Panorama – Corse »
  • Insee, « Taux de chômage localisés au 3e trimestre 2017 »