[LE RÉSUMÉ] « Le journaliste est un auteur »

Tours 2018

15 Mar 2018

4 minutes de lecture

Le journaliste est un auteur

Il est essentiel pour les journalistes de connaître les droits liés à leurs statuts. Photo : Malvina Raud

Retrouvez l’essentiel de la conférence « Le journaliste est un auteur ! »

Avec la Société civile des Auteurs Multimédias (Scam), animé par Eric Lagneau, journaliste à l’AFP et chercheur associé au LIER (EHESS) ; avec Corinne Vanmerris, directrice des études à l’ESJ Lille, Hervé Rony, directeur de la Scam, Emilie Gillet, journaliste pigiste et membre de l’association Profession : pigiste et de l’association des journalistes scientifiques AJSPI, Gwenaël Cadoret, journaliste pigiste et Jean-Marie Charon, sociologue des médias et chercheur au CNRS.

LES ENJEUX

Le journaliste est-il un auteur ou simplement un journaliste ? La profession, qui a tendance à se précariser, voit différents statuts cohabiter. Parfois au détriment du journaliste lui-même. La loi Cressard de 1974, qui reconnait aux journalistes pigistes le statut de journaliste professionnel, est, pour certains, menacée. Différents acteurs ont pu débattre lors de cet atelier, même si, comme l’a souligné Eric Lagneau, il manquait des dirigeants de titres et presse et des représentants des pouvoirs publics. Il ne s’agit pas d’opposer salariat et droit d’auteur. Il est question de s’occuper de l’un et l’autre.

CE QU’ILS ONT DIT 

Gwenaël Cadoret : « L’enjeu secret de cette table ronde, c’est qu’on a tendance à nous opposer droit d’auteur et salaire. La revue XXI, comme d’autres, paie au droit d’auteur. Beaucoup de sites web, même membres du Spill paient en droit d’auteur. L’idée est de s’affranchir de la loi Cressard. Les employeurs ne préviennent pas et puis ils envoient une note de droits auteur. Et même quand on est payé en pige, chaque bulletin de pige est un parcours du combattant. Systématiquement il y a des erreurs, en notre défaveur. Il faut se former à l’analyse d’un bulletin de paie. Le journaliste est un auteur certes mais j’aimerais bien qu’il soit d’abord un journaliste . »

Emilie Gillet : «  Sur les forums de Profession : journaliste, au début, on parlait de la pratique. Petit à petit on parle plus que de droit. Il y a une méconnaissance des droits les plus élémentaires par les jeunes journalistes. Aujourd’hui je lis souvent « comment je fais une facture ? », alors je réponds « tu n’as pas à faire de facture ! ». J’ose espérer que la loi Cressard n’est pas morte mais elle est méconnue. (…) Oui on est aussi des auteurs et on a des droits liés à ça. »

Corinne Vanmerris« Les écoles sont sollicitées pour mettre en place des partenariats avec les entreprises, dont beaucoup de contributions gratuites. On passe du temps à évaluer l’intérêt pédagogique, on doit bien sélectionner. On est sur-sollicités par les propositions de stages. Il y a un cadre réglementé mais beaucoup de médias viennent pour des conventions de stage de six mois -alors que c’est hors des clous- ou post-formation. Ce que nous refusons »

Jean-Marie Charon« Au débuts des années 1990, un journaliste sur cinq ayant une carte de presse était dans une situation de précarité, demandeur d‘emploi ou pigiste. Aujourd’hui on est à un sur quatre. Aujourd’hui il y a environ 19 000 pigistes. C’est beaucoup mais moins qu’il y a 10 ans (24 000). La rémunération n’a pas forcément diminué, même si cela reste assez bas. »

Hervé Rony«  On ne peut pas structurer cette profession comme si on était en 1947 en répétant, « le statut le statut ». Pourquoi il faut parler des droits d’auteur ? Il y a deux choses à distinguer. D’abord l’exploitation primaire par le titre de presse. Puis les exploitations secondaires avec le droit d’auteur. Oui, le journaliste est un auteur. Si les syndicats ne s’approprient pas l’importance des droits d’auteur c’est une erreur. »

À RETENIR

La précarisation du statut de journaliste et la multiplication des statuts (auto-entrepreneur, pigiste, intermittent du spectacle, etc.) ont fait émerger un nouvel enjeu dans la profession : les droits d’auteur. En tant que journaliste, aujourd’hui, il est indispensable de connaitre ses propres droits.

 

Clément Argoud