[LE RÉSUMÉ] « Le grand reportage : quels regards sur les migrants ? »

Tours 2016

12 Mar 2016

4 minutes de lecture
Retrouvez le compte-rendu de la dernière conférence de cette neuvième édition des Assises : « Le grand reportage : quels regards sur les migrants ? »

(Crédit photo : Aimie Faconnier)

Photo : Aimie Faconnier

Animé par Patricia Loison (France 3), avec Edith Bouvier, journaliste indépendante, Géraldine Poels, responsable valorisation scientifique INA, Olivier Poujade, grand reporter France Inter, Philippe Rochot grand reporter et Christophe Stramba-Badiali, photographe.

LES ENJEUX

Avec 1903 sujets JT qui lui ont été dédiée en 2015, la problématique des migrants est devenue prépondérante au sein des médias français. Si la migration est loin d’être un phénomène nouveau, il a pris une ampleur médiatique considérable en Europe, notamment à travers les images des dangereuses traversées de la méditerranée. Les grands reporters, qu’ils soient photographes ou JRI, cherchent avant tout à humaniser ce phénomène qualifié de crise des migrants. A travers un échange particulièrement vivant, les journalistes ont pu partager leurs expériences ainsi que le regard qu’ils ont adopté face à des histoires souvent dramatiques.

CE QU’ILS ONT DIT

Olivier Poujade : « On imagine à travers le récit des migrants l’horreur qu’ils ont vécu dans leur pays et qui les pousse à mettre leur vie en danger. En tant qu’humain, on ne peut s’empêcher de s’identifier à eux. C’est naturellement qu’on prend ses distances mais on est forcément touchés. Pour un reportage, c’est le seul moyen de ne pas raconter n’importe quoi. Quand je produis mes sujets, je n’ai pas la prétention de faire changer les choses. Je relaie des histoires qui méritent d’être entendues. »

Edith Bouvier : « Ce qui me fait partir, c’est cette idée de faire bouger les choses. Je n’apprécie vraiment pas l’expression ‘’crise des migrants’’, ce qu’il faut c’est l’humaniser. Pour les médias en général, ce sont des sujets anxiogènes car ça raconte la guerre. On ne peut pas en mettre tous les jours ou bien il faut s’efforcer de trouver de nouveaux angles.»

Philippe Rochot : « On s’attache vraiment aux gens lors des reportages, c’est comme si c’était nos frères et nos fils. On a tous une forme de compassion et une volonté de connaître leurs histoires. En télévision, ce qui crée la distance c’est l’équipement. Mon travail, c’est de livrer un maximum d’images pour que les gens se fassent une idée. C’est aux responsables politiques de prendre le relais ensuite.»

Christophe Stramba-Badiali : « J’ai un problème avec le mot migrant, ça nous éloigne trop des gens. Ce sont des humains qui ont une vie proche de celle des occidentaux mais ils sont traités comme des miséreux. Ce que je constate, c’est que les migrants en ont marre d’attendre qu’on les intègre, ce qu’ils veulent c’est vivre ».

À RETENIR

À travers des histoires très individuelles, les journalistes souhaitent illustrer les conséquences de la guerre mais également les difficultés qu’ont les réfugiés à s’intégrer dans un pays qui leur est étranger. Sans être à l’abri de l’émotion, les journalistes ont tous cette ambition de décrire une réalité parfois brutale pour mieux éveiller les consciences.

Ralitsa DIMITROVA