[LE RÉSUMÉ] Femmes dans les médias : bientôt l’égalité et la fin du harcèlement ?

Tours 2019

14 Mar 2019

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(Photo : Emmanuel Haddek)

Retrouvez l’essentiel de la conférence Femmes dans les médias : bientôt l’égalité et la fin du harcèlement ?

Animé par François QUINTON, chef de service à INA Global. Avec Béatrice DAMIAN-GAILLARD, professeure d’université en info-com à Rennes ; David DOUKHAN, chercheur en informatique à l’INA ; Léa LEJEUNE, présidente du collectif Prenons la Une et journaliste chez Challenge ; Elsa FREYSSENET, journaliste aux Échos.

LES ENJEUX

Un peu plus d’un mois après les révélations de la Ligue du LOL, les Assises internationales du journalisme organisent une table ronde sur la place occupée par les femmes dans les médias. D’après une étude récente de David Doukhan, de l’INA, les femmes parlent deux fois moins que les hommes à la radio et à la télévision. Pire encore, sur certaines chaînes comme Eurosport, le temps de parole féminin est seulement de 7 %. Un progrès est néanmoins visible. Il y a vingt ans, les hommes parlaient trois fois plus que les femmes dans l’audiovisuel.

CE QU’ELLES ONT DIT

Léa Lejeune : « Les ressources humaines sont très discrètes dans le journalisme. Ce ne sont pas des mécanismes de ressources humaines traditionnels. L’une des choses que l’on propose avec le collectif Prenons la Une, c’est que les annonces de postes soient publiées. »

« Je fais partie des quinze principales victimes de la Ligue de LOL. Je me suis sentie très isolée. De nombreux journalistes, ceux de la Ligue du LOL et d’autres, voyaient ce qui se passait et prenaient ça pour de l’humour. Si on entre dans un système de bienveillance, on peut considérer ces événements comme un accident du travail. »

Elsa Freyssenet : « Ce qui bloquait chez nous aux Échos et ce qui bloque toujours, c’est la rédaction en chef. Comme dans tout combat, il faut un déclic. Il y a six ans, on s’est retrouvés avec douze hommes et aucune femme. Or, cette rédaction a le même nombre d’hommes et de femmes, qui ont les mêmes diplômes, le même âge moyen et les hommes ont même plus d’enfants que les femmes. On était en colère et on a toutes décidé de ne pas signer nos articles dans le journal du lendemain. (…) Il faut sortir de l’isolement. Chaque journaliste qui se demandait ce qui n’allait pas chez elle a commencé à discuter avec les autres. Sortir de l’isolement, c’est déjà un pas avant d’agir. »

Béatrice Damian-Gaillard : « Une égalité numéraire ne signifie pas une égalité dans les affectations de sujets. Les stéréotypes jouent beaucoup. Quand bien même on a une parité dans les rédactions, beaucoup d’inégalités existent. On ne traite pas de la même manière les stagiaires femmes et les stagiaires hommes. On va systématiquement demander aux jeunes femmes “Tu es sûre ? Tu te sens d’aller interroger telle personne ?” ».

« Les journalistes sont socialisés à la concurrence, notamment à travers les concours. La bonne manière de s’intégrer, c’est la lutte de tous contre tous. Pourquoi on changerait une fois en rédaction, alors qu’on nous a dit que c’était la manière de se socialiser ? »

À RETENIR

L’association Prenons la Une organise le 13 avril prochain des États généraux des femmes journalistes. L’événement vise à élaborer des solutions concrètes pour faire face aux discriminations et au harcèlement dans les rédactions. Elsa Freyssenet s’adresse aux victimes : « Ne restez pas isolée et n’ayez pas peur ». Une étudiante en journalisme l’interroge sur la raison pour laquelle des cours liés à ces questions ne sont pas dispensés dans les écoles de journalisme. « C’est l’une des revendications de Prenons la Une, explique Léa Lejeune. Mais c’est aux directions des écoles de prendre cette décision. »

Melena HELIAS