La ministre a dit son soutien à une presse indépendante. Photo : Clara Gaillot
Lutter contre les fake news, fédérer la profession, mobiliser au maximum les citoyens… Françoise Nyssen, la ministre de la Culture, était à la tribune des Assises du journalisme de Tours ce jeudi.
Fake news et Education aux médias au menu de la ministre de la Culture ce jeudi. François Nyssen, de passage aux Assises du journalisme à Tours, a pris la parole pour défendre son projet de loi contre les fake news. « Les fausses nouvelles ne sont pas un phénomène nouveau. Leur viralité et leur mode de diffusion sont dangereux. Nous avons besoin d’un garde-fou », a-t-elle martelé. « Vous, votre déontologie, votre engagement, votre rigueur et vos savoir-faire vous protègent. Mais nous devons joindre nos efforts », a assuré Françoise Nyssen en évoquant la réforme à venir.
« Nous la mènerons dans le respect du pluralisme de la presse, pour le pluralisme de la presse », a-t-elle déclaré en promettant aux journalistes de conserver leur droit à protéger leurs sources, à décoder, à vérifier. Et de détailler quelques points de la loi contre la diffusion de fausses nouvelles qui sera présentée dans quelques semaines au Parlement. Le premier volet prévoit d’octroyer plus de pouvoir au Conseil supérieur de l’audiovisuel pour surveiller les chaînes financées par des pays étrangers. La loi favorisera en outre la lutte contre la diffusion des fake news sur les réseaux sociaux. « Nous défendons plusieurs mesures : encourager la coopération entre les plateformes ; imposer aux plateformes plus de transparence sur les contenus sponsorisés pendant les périodes électorales ; prévoir une procédure de référé judiciaire pour suspendre des contenus », a précisé la ministre.
Un grand programme de service civique pour l’Education aux médias
Françoise Nyssen a dit accorder beaucoup de crédit aux interrogations et aux critiques dont a pu faire part la profession. Aussi, elle a rappelé que le but de la loi n’était pas de cibler les auteurs de fake news mais les diffuseurs : « il faut ramener les plateformes à leurs responsabilités ». Pour la ministre, personne ne doit pouvoir faire de profit sur le dos de la presse et de la démocratie. Si la nouvelle est fausse, que sa diffusion est massive et artificielle (si le diffuseur a acheté de l’audience), alors des sanctions pourraient être envisagées.
« Mais cette arme ne suffira pas », a-t-elle enchaîné avant de présenter son projet de développement de l’Education aux médias et à l’information (EMI). « Vous avez les contenus, nous avons les moyens », a-t-elle déclaré devant le parterre de journalistes. Avant d’ajouter : « il ne suffit pas de mettre un enfant devant un média pour qu’il s’informe. Nous devons donner des clés, avoir de réels échanges constructifs. » La ministre de la Culture s’est ainsi engagée à doubler le budget alloué à l’Education aux médias et à miser sur de plus en plus de projets de journalistes et d’associations, à l’école comme en dehors des établissements, pour que toute une classe d’âge soit touchée d’ici à la fin du quinquennat. « J’ai décidé de créer un grand programme de service civique pour l’Education aux médias. Cela se fera sur le modèle de programme de service civique qui a développé les ciné-clubs dans les lycées, une expérience aux résultats spectaculaires », a-t-elle ajouté.
La ministre a souligné la présence d’outils déjà présents. Mais selon elle, les actions sont trop peu visibles aujourd’hui et ne sont pas assez coordonnées. Pour conclure, François Nyssen a voulu séduire les journalistes : « Vous êtes le premier et le plus fort bouclier contre les fake news, nous vous protégerons. Nous ne sommes pas derrière vous, mais à vos côtés. » Une sortie qui a pu provoquer des applaudissements, mais qui ont rapidement laissé la place à des agacements. Ceux des nombreux journalistes privés de questions qui n’ont pas pu interpeller directement la ministre sur ce sujet qui attise les passions de la profession.
Clément Buzalka