Assises 2016 : dans les coulisses du prix étudiant

Tours 2016

11 Mar 2016

3 minutes de lecture

Nous avons pu assister aux délibérations du jury étudiant. Au bout des discussions, un vainqueur :  « Un baptême du feu », de Jérôme Clément-Wilz.

Capture d'écran «Un baptême du feu», de Jérôme Clément-Wilz

Capture d’écran «Un baptême du feu», de Jérôme Clément-Wilz

« Nous devenons journalistes à l’heure où les métiers et les supports de l’information se réinventent et se (re)façonnent », constate l’équipe du jury étudiant dans son éditorial. Vingt-huit étudiants des écoles reconnues par la profession ont, chaque année aux Assises, eu la tâche de récompenser une production sur l’exercice du journalisme, catégorie « enquête et reportages ». Pendant plusieurs mois, ils ont compilé leurs lectures sur le sujet et voté pour garder 4 finalistes, départagés ensuite lors d’un débat en huis clos aux Assises.

Présidé par Laurent Joffrin, le prix étudiant a été remis jeudi soir au documentaire « Un baptême du feu », de Jérôme Clément-Wilz, diffusé sur France 4. « Une révélation », pour la plupart des étudiants. Dans ce documentaire, le réalisateur suit son ami Corentin Fohlen, photoreporter, sur les zones de conflits notamment pendant les Printemps arabes. Selon les étudiants, il propose un « éventail de réflexions sur tout un tas de sujets ». Précarité du métier, informer en zone de guerre, dangerosité, éthique humaine… Il est en quelque sorte le portait incarné de toute une génération formée en 2011.

La subjectivité récompensée

« Le débat a été plus contradictoire que le vote, note Pierre Haski, co-fondateur de Rue 89, qui a remplacé Laurent Joffrin de pied levé pour animer le débat entre les étudiants. Le lauréat n’a remporté qu’un vote négatif. Ce qui prouve que les arguments ont été fructueux ». « Ce documentaire pose des questions mais il manque des réponses », peut-on entendre côté opposants. « Mais ce qui intéressant, c’est qu’il assume sa subjectivité », renchérit Agathe Lambert–Caille, du Celsa.

Face à lui, trois autres finalistes : « Plaidoyer pour un journalisme mobile », de Nicolas Becquet, paru dans Méta-média, décrit comme « le papier qui fait consensus » ; « Reporters, la guerre sur tous les fronts », d’Hélène Riffaudeau, paru dans TéléObs et à qui les étudiants reprochent un petit côté « catalogue »; et « Médias et information, le robot-journalisme et la mécanique des mots », de Benoît Barbedette, publié dans Weconomie et que les étudiants jugent « intéressant, mais long et technique ».

« Suis-je d’abord journaliste ou d’abord humaine ?»

Les étudiants notent toutefois qu’en désignant ce documentaire, ils acceptent une certaine « dictature de l’image ». Mais là aussi, la question divise : pour certains, cela est uniquement dû au temps passé pour produire le résultat. Là où le documentaire a nécessité plusieurs mois de travail, on sent que dans l’article paru dans TéléObs, les sources utilisées sont « de secondes mains ».

Pour les étudiants, participer à ce jury a permis d’apprendre sur le métier, notamment à travers le documentaire lauréat. « Il m’a fait réfléchir sur moi-même : suis-je d’abord journaliste ou d’abord humaine ? », s’interroge Claire Courbet, de l’école de journalisme de Sciences Po Paris, qui a d’ailleurs soumis cette production au jury. Une expérience donc bénéfique pour les futurs journalistes.

Justine CANTREL